Une toute récente étude scientifique confirmerait l’effet altérant du bisphénol A

Selon étude dirigée par l'Ecole de santé publique de l'université Harvard, les fillettes exposées au bisphénol A lorsqu'elles étaient in utero présenteraient davantage de troubles comportementaux à l'âge de 3 ans que celles dont la mère avait absorbé un plus faible niveau de ce composant chimique très répandu.

Anxiété, dépression, hyperactivité sont autant de troubles rencontrés chez des petites filles dont des taux importants de bisphénol A ont été détectés dans les urines de leurs mères pendant leur grossesse, « ce qui suggère qu'elles sont plus vulnérables que les garçons à l'exposition au bisphénol A in utero », selon l'étude publiée dans le journal Pediatrics daté du 24 octobre 2011.

Cette étude s'appuie sur les données de 244 mères et de leurs enfants jusqu'à l'âge de 3 ans dans la région de Cincinnati, Ohio (Nord des Etats-Unis) : les échantillons d'urines ont été analysés à 16, 26 semaines de grossesse et à la naissance. Les urines des enfants, quant à elles, ont été testées à l'âge de 1, 2 et 3 ans et cette substance appelée Bisphénol A a été détectée dans 85% des échantillons des urines des mères et 96% de celles des enfants.

Les chercheurs restent prudents

Il s’est avéré, sur la base de questionnaires remplis par les parents sur la conduite de leurs enfants, que plus les taux de ce composant chimique étaient forts pendant la grossesse, plus les risques de troubles comportementaux des petites filles était élevé à l'âge de 3 ans : « les concentrations plus importantes de bisphénol A pendant la gestation sont associées à une conduite plus agressive, anxieuse, hyperactive et dépressive, à une inhibition et à contrôle émotionnel plus faible chez les filles ». En revanche, cette corrélation n'a pas été démontrée s'agissant des garçons.

Cette étude semble confirmer des enquêtes antérieures suggérant un lien entre l'exposition au bisphénol A pendant la grossesse et le comportement de l'enfant, mais elle est la première à démontrer que la période in utero est le moment critique au cours duquel le bisphénol A peut produire des effets altérants. Toutefois, et bien que très attentifs à ces résultats, les chercheurs restent prudents compte-tenu du faible échantillon.

Perturbateur du système hormonal ou perturbateur endocrinien

Les chercheurs, parmi lesquels figurent aussi des scientifiques de l'hôpital pour enfants de Cincinatti et de l'université Simon Fraser de Vancouver au Canada, appellent à poursuivre les recherches. Il considèrent que le « débat [est] important sur la toxicité de l'exposition à faibles taux au bisphénol A et [que ces] résultats présentés méritent de nouvelles recherches ».

Après l'interdiction en Europe et au Canada des biberons contenant du bisphénol A, ce composant chimique, considéré comme un perturbateur du système hormonal ou perturbateur endocrinien, sera interdit en France à compter de 2014 dans tous les contenants alimentaires mais dès 2013 s'agissant des produits destinés aux enfants de moins de 3 ans.

Ce composant chimique, très répandu dans les objets de la vie quotidienne, est présent dans la plupart des bouteilles en plastique rigide, des boîtes de conserve ou des cannettes.

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