Expulsions : un cas qui cache la forêt

Il y a presque un an, un père, une mère et leurs deux enfants étaient expulsés de la région parisienne vers leur Kosovo d’origine. Une situation ordinaire dans un pays qui expulse plus de 30 000 étrangers chaque année. Mais Blendon, un des deux jumeaux de la famille, s’est vu privé de l’opportunité d’être soigné en France. Une pétition, lancée par le Réseau éducation sans frontières (RESF) la semaine dernière, a déjà recueilli de nombreuses signatures dont certaines prestigieuses.

Blendon a 11 ans. Ce jeune Kosovar est arrivé en France avec ses parents et son frère jumeau en avril 2011. Ils font les démarches pour être régularisés et s’intègrent petit à petit. Les jeunes garçons sont scolarisés et apprennent vite le français. Et la santé de Blendon est prise en charge. Parce que le garçon est hémiplégique : un accident vasculaire survenu dans ses premières années lui a fait perdre l’usage de sa main droite, et il boite.

Une intervention chirurgicale prévue au centre hospitalier universitaire de Reims devait régler le problème. Mais le 18 janvier 2011, à 7h du matin, les Gashi sont arrêtés, mis au centre de rétention de Metz, et embarqués dès le lendemain dans un avion privé du ministère de l’Intérieur à destination de Pristina. Blendon ne sera donc pas opéré.

Le Réseau éducation sans frontières s’inquiète

Pour le Réseau éducation sans frontières, le cas est un héritage direct de l’époque Sarkozy. Mais Richard Moyon, une des figures emblématiques du RESF, s’inquiète du fait que la politique du ministère de l’Intérieur semble être dans la continuité de celle des ministres de droite.

Pour Richard Moyon, le fait que Manuel Valls, l’actuel ministre de l’Intérieur, maintienne le nombre d’expulsions et de régularisations proche des quotas de Nicolas Sarkozy est de fait une validation de sa politique. Richard Moyon compte donc augmenter la pression médiatique sur le gouvernement.

Une pétition a déjà été lancée, et a recueilli les signatures de personnalités comme Olivier Besancenot, membre du comité exécutif du Nouveau parti anti-capitaliste, ou du cinéaste Laurent Cantet. Le RESF a aussi fait parvenir pendant ces vacances de Noël une lettre au ministère de l’Intérieur. Mais pour l’instant, la situation de la famille Gashi n’a pas évolué.

Un nombre limité de régularisations

Parents et enfants vivent à Pristina, chez un proche parent. Ils ont préféré ne pas retourner chez eux, de peur que le harcèlement mafieux dont ils étaient l’objet avant leur départ ne reprenne. Leur demande de visa auprès du consulat de France au Kosovo a été refusée au motif que Blendon peut être soigné dans de bonnes conditions à Pristina.

Un argument déjà avancé par le cabinet de Manuel Valls aux membres du RESF. Le ministre de l’Intérieur a affirmé fin novembre ne pas vouloir plus de régularisations que pendant la présidence précédente. Il a d’ailleurs signé le 27 novembre dernier une circulaire qui établit le seuil de régularisation à cinq ans de présence sur le territoire pour les parents et trois ans de scolarisation des enfants.

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