La continuité dans la globalité ! Depuis deux mois, devant le Sénat ou la Commission des Finances de l’Assemblée, le ministre de l’Intérieur n’a cessé d’annoncer la couleur : « Il y aura 30 000 régularisations par an, comme sous la précédente majorité de droite ».
Pour les expulsions en revanche, Manuel Valls, considéré comme le plus « à droite » des ministres socialistes, explique qu’il y en aura plus qu’en 2011, notamment avec des aides financières au retour.
Aujourd’hui, et contrairement avec le prédécesseur Claude Guéant, place Beauvau,
les associations de défense des droits des étrangers se félicitent d’un climat d’écoute et de débats ouverts au ministère, ce qui ne les empêche pas de regretter le refus socialiste de régulariser les déboutés de la dernière vague de Nicolas Sarkozy, les 7 000 parents d’enfants scolarisés qui n’avaient pas pu être régularisés pour cause de demandes trop nombreuses.
Les nouvelles mesures
Pas de régularisations massives : Manuel Valls avait déjà prévenu, « le climat économique ne le permet pas ». Mais les deux semaines de retard prises dans la présentation de cette circulaire sont la preuve de discussions de plus en plus tendues avec les associations de défense des sans-papiers.
Dans cette version qui doit encore être discutée, le texte répond aux promesses de campagne avec des critères communs à toutes les préfectures, pour éviter les décisions arbitraires vues sous la présidence de Nicolas Sarkozy.
Dans le détail, pourront donc être régularisées les familles et les travailleurs sans papiers qui vivent en France depuis cinq ans. Les parents devront justifier de l'inscription de leurs enfants à l'école. Scolarisation d’un minimum de trois ans, école maternelle comprise. Pour les salariés, il faudra une preuve de travail à long terme (huit mois minimum), un contrat, des fiches de salaires ou une promesse d'embauche.
Un paradoxe, expliquent les associations, puisque de nombreux étrangers, faute de papiers, sont obligés de travailler « au noir » sans contrat ni sécurité. Toutefois, si le travailleur prouve un an complet de travail, la préfecture pourra délivrer un permis pour la recherche d'un emploi.
Autre paradoxe et sujet de tension avec les associations, la jeunesse. Pour être régularisé, un jeune doit être arrivé en France avant sa majorité, donc 18 ans, et être inscrit à l'école depuis trois ans.
Regret des associations, selon lesquelles la majorité des lycéens arrivent sur le territoire français après 16 ans. Ils ne rentrent donc pas dans le critère et demeureront sans papiers. Comme sous le gouvernement précédent, seuls les enfants mineurs arrivés avant 13 ans en France sont automatiquement régularisables.
L'avenir
En janvier 2013, devant le Parlement, Manuel Valls devra se prononcer sur ce que François Hollande avait qualifié de « politique d’immigration intelligente », pour ne pas reprendre les termes chers à son prédécesseur à l’Elysée, « immigration choisie ».
Mais la question reste la même, quelle politique économique donner à la France ? Interrogé sur le sujet, le président de la République s’en remet aux débats de janvier sans donner de chiffre ni de directions sur ses choix en matière d’immigration de travail. Mais de l’avis de certains spécialistes, le grand changement par rapport à la vision de droite serait l’instauration en cours de discussion, d’un titre de séjour initial de trois ans contre un an actuellement, ce qui freine voire empêche toute projection ou projet, qu’il soient familiaux ou économiques.
Cette présentation en Conseil des ministres fait la Une des médias mais ne doit pas faire oublier qu’avec 200 000 sans-papiers en France, notre pays reste l'un des plus fermés du territoire européen.