Florange serait l'un des sites les plus rentables des cinq unités de production ArcelorMittal en Europe du Nord. Un document interne dérobé au groupe l'affirme. Cette simple feuille A4, étoffée d'un graphique, compare les coûts de production à la tonne de l'acier produit par les sites de Florange, Dunkerque, Liège et Brême. Or le site mosellan se situerait dans la moyenne concernant le prix de revient de la bobine.
« Ce document chiffre les coûts de chaque unité de production ArcelorMittal en Europe du Nord et l'on voit que Florange est parmi les plus rentables, au même niveau que Dunkerque et Gand, qui sont aujourd'hui les deux sites référence d'ArcelorMittal » constate Edouard Martin, représentant syndical CFDT à Florange.
« Un constat partiel »
Côté ArcelorMittal, ce document est jugé irrecevable. D'abord, il n'a jamais été validé par le groupe. Ensuite, dans un communiqué, le sidérurgiste a mis en avant le caractère « tout à fait partiel » du document. Il ne permettrait pas « de faire état de l'ensemble de la réalité économique de la phase liquide de Florange. Le document ne contredit en rien le constat de non-rentabilité et ne prouve en rien la profitabilité de cette partie du site, car il ne prend pas en compte les coûts complets » conclut le communiqué.
Le 1er octobre, la direction d'ArcelorMittal avait annoncé sa décision de fermer définitivement la phase liquide du site de Florange pour cause de manque de compétitivité. « Différents facteurs sont à l'origine de cette situation - en particulier la position géographique, car 400 kilomètres séparent le site de Florange du port le plus proche », expliquait un communiqué à cette date.
Un argument peu recevable pour les salariés de Florange. « Dans le document d'aujourd’hui il est écrit noir sur blanc que le désavantage du coût de transport est largement compensé par la performance industrielle de Florange. C'est le seul site en Europe à être un site intégré! C'est à dire que nous avons l'ensemble des outils de production et de transformation d'acier sur place. C'est ce qui nous fait rattraper ce désavantage tout au long du processus de fabrication », oppose Edouard Martin.
Surcapacité d'acier en Europe
Mais au final le problème de Florange n'est plus celui de la rentabilité. Le site mosellan est la victime d'une crise européenne de l'acier, une crise de débouchés. L'Europe souffre d'une surcapacité par rapport à la demande.
« On a une consommation d'acier en Europe qui est déterminée pour moitié par la construction et pour l'autre moitié par l'industrie. La construction est en berne pour la plupart des pays européens et la majorité de ces pays se sont largement désindustrialisés ces dix dernières années. La demande en acier a donc reculé de 16% dans l'Union européenne et de 8% en France, depuis le début de la crise en 2008. Et les ventes d'ArcelorMittal en France et en Allemagne ont reculé de plus de 35% en quatre ans », explique Aurélien Duthoit du cabinet d'études Xerfi.