France: «Les hommes de Raugel voulaient la peau de Mahé», affirme un militaire

La matinée de ce vendredi 30 novembre au procès des quatre militaire français accusés d’avoir tué Firmin Mahé, un Ivoirien, a été consacrée à l’audition d’officiers et de sous-officiers qui étaient sur le terrain en Côte d’Ivoire. Les quatre accusés, des militaires membres de la Force Licorne, sont accusés d’avoir étouffé Firmin Mahé, un homme présenté comme un « coupeur de route ». Et le témoignage de l’un d’entre eux a été accablant pour ses camarades.

Au Palais de justice de Paris, Frank Alexandre

Ce militaire est le sergent Much, chef d’une section de reconnaissance. Basé à Man, il patrouillait souvent dans la zone de confiance, contrairement à l’adjudant Raugel et ses hommes qui, eux, résidaient à Bengolo, au cœur de la zone de confiance. Et entre les deux troupes régnait une certaine défiance. Aux yeux du sergent Much, Raugel et ses hommes étaient de véritables cow-boys, usant de méthodes pour le moins brutales, sinon expéditives et ce, en toute autonomie.

Le 13 mai 2005, au cours d’une de ses patrouilles, le sergent Much découvre au bord d’une piste Firmin Mahé, blessé le matin même par les hommes de Raugel. Il le ramène au poste avancé de Bengolo et tombe sur Raugel qui le menace. « Pourquoi ne l’as-tu pas laissé crever au bord de la piste ? »

Le sergent Much est choqué, et ce n’est que le début. « L’ambiance était électrique, raconte-t-il. Les hommes de Raugel voulaient la peau de Mahé. J’en ai vu qui lui marchaient sur le dos en criant ‘on l’a eu’ ! Et quand ils ont embarqué Mahé sans ménagement, à bord d’un blindé pour le rapatrier à Man, j’ai compris qu’il n’arriverait pas vivant. »

Le sergent Much trouvant ces méthodes indignes de l’armée française s’en est plaint à ses supérieurs. Réaction de l’adjudant Raugel à la barre : visiblement, ce sergent est un peu fragile.

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