Avec notre envoyé spécial à la cour d'assises de Paris, Franck Alexandre
Moment de vérité aux assises de Paris. A la barre, le colonel Eric Burgaud, allure martiale, taille de géant. Cet officier promis aux plus hautes destinées a tout perdu dans cette affaire, il a été limogé. Reste l'honneur. Son subordonné, l'adjudant Raugel, a reconnu avoir tué Firmin Mahé sur ordre. Alors la cour retient son souffle et le colonel se confesse : « Pendant l'enquête, je n'ai pas tout dit, car j'avais peur d'aller en prison et de perdre ma famille ».
Puis, devant ses hommes, le colonel avoue : « J'assume avoir donné un ordre illégal et d'avoir été lâche, indigne ». Le colonel reconnaît avoir ordonné à l'adjudant Raugel de ne pas ramener Firmin Mahé, le « coupeur de route », vivant, mais, précise-t-il, « je n'ai pas su lui donner une modalité pratique, je l'ai laissé se débrouiller ».
Mais cet ordre, il l'assume. Cette journée du 13 mai 2005, c'était un combat de valeurs, argumente-t-il en rappelant que « ce que faisait Firmin Mahé était inacceptable. Le supprimer était la moins pire des solutions ». Enfin, le colonel Burgaud livre alors son dernier combat, pour l'honneur : « Cet ordre venait du général Poncet, chef de la force Licorne, mais il ne l'admet pas. L'indignité est désormais dans son camp ».