Avec notre envoyé spécial à la cour d'assises de Paris, Franck Alexandre
L’adjudant-chef Guy Raugel est sans remords, ce qui est très frappant. « J’avais bien conscience que tuer Firmin Mahé était illégal, dit-il, mais c’était un ordre ». Le 13 mai 2005, Guy Raugel se trouve au poste avancé de Bengolo, au cœur de la zone de confiance « qui n’a de confiance que son nom », précise-t-il, lorsqu’arrive une patrouille. Sur le capot d’un des véhicules, Firmin Mahé gît blessé à la jambe.
L’ambiance était électrique, poursuit l’adjudant-chef. Tous les soldats voulaient voir le « coupeur de route », auteur des pires exactions. Avant que le blessé ne soit conduit à l’infirmerie, les soldats lui assènent des coups de pieds, de poings. L’atmosphère est tendue, mais deux capitaines présents laissent faire.
Depuis son poste de commandement situé à Man, à 60 kilomètres de là, le colonel Burgaud entre en contact avec Raugel. « Vous ramenez Mahé à Man, lui dit-il, mais pas trop vite ». Raugel lui demande de préciser. « Doit-il arriver mort ? » « Vous me comprenez », dit le colonel. Une nouvelle fois, Raugel demande confirmation à l’un des capitaines présents. Il acquiesce. Et le loyal Raugel de conclure :« Le fait de me choisir pour cette mission, c’était la certitude que l’ordre soit exécuté ».