Le rapport Gallois propose 22 mesures pour un «choc de confiance»

Louis Gallois, le commissaire général à l’investissement, a remis ce lundi 5 novembre au Premier ministre, ses 22 propositions pour relancer la compétitivité de l’économie française. L’ex-patron d’EADS veut créer un « choc de confiance », assorti d’un « pacte social » pour mener à une reconquête industrielle.

Plus question de choc de compétitivité, le président François Hollande en a clairement repoussé la formule, jugée trop brutale. Place au « choc de confiance ». Et pour y parvenir Louis Gallois est favorable à la conclusion d’un « pacte social » entre tous les partenaires. Car certaines des mesures qu’il préconise ont lancé depuis plusieurs semaines un vigoureux débat.

On a d’abord retenu la proposition d’agir sur le coût du travail en France, dénoncé par les employeurs comme trop lourd et nuisible aux exportations françaises en raison de sa répercussion sur les prix. Et, de fait, Louis Gallois préconise de réduire les cotisations sociales de 30 milliards d’euros : 20 milliards de baisse des cotisations patronales et dix milliards des cotisations salariales, et ce en deux ans.

Cotisations contre fiscalité : le dilemme

Mais ces cotisations servent au financement de la protection sociale, comme l’assurance-maladie, les retraites, à laquelle les Français demeurent très attachés. La question se pose donc du transfert de ces charges sur les impôts et les taxes. Louis Gallois se prononce pour une augmentation de la CSG, de la TVA et de la fiscalité écologique. Alors que le budget pour 2013 prévoit déjà un alourdissement de la fiscalité pour parvenir à l’objectif de réduction à 3% des déficits publics, cette augmentation est malvenue.

Le séminaire gouvernemental sur la compétitivité qui se tient demain, mardi 6 novembre, devrait donc décider d’une mesure d’allégement des charges salariales plus modérée et plus progressive. Selon certaines informations, elle devrait prendre la forme d’un crédit d’impôts pour les entreprises, compensé par une légère hausse de la TVA de 19,6 à 20%.

Pour faire accepter l’augmentation, mise à la charge du contribuable et du consommateur, Louis Gallois compte sur un « pacte social » entre tous les partenaires. Une véritable mobilisation pour une reconquête industrielle. La réduction des cotisations sur les salaires serait sans effet si les syndicats exigeaient des augmentations de salaires en retour. D’où la nécessité d’instaurer un solide dialogue social.

Compétitivité hors coût

Dans le débat sur les raisons du recul de la compétitivité française des voix, syndicales notamment, se sont élevées pour réfuter l’idée que seul le coût du travail, niveau des salaires ou charges, est en cause. Et pour ce qui est de la compétitivité « hors coût », Louis Gallois fait également des suggestions : une montée en gamme des produits, le renforcement des filières industrielles, des aides à l’exportation et à la recherche-développement, l’amélioration du financement des entreprises en favorisant l’épargne en actions. Du côté de la formation, il préconise un rapprochement entre les entreprises et l’enseignement technique.

En revanche, le gouvernement a déjà fait savoir qu’il ne suivra pas Louis Gallois dans son souhait de poursuivre les recherches sur l’exploitation du gaz de schiste.

Un défi majeur

Le président français François Hollande a affirmé ce lundi depuis le Laos où il participait au sommet Union européenne-Asie que des « décisions fortes » seraient prises par le gouvernement. Le temps presse en effet. La France a enregistré en 2011 un déficit commercial record de 73 milliards d'euros, et la balance commerciale n'a cessé de se dégrader depuis le début des années 2000. La France a perdu des parts de marché : ses exportations représentaient 6,3% des exportations mondiales en 1990, 4,7% en 2000 et seulement 3,3% en 2011. On compte aujourd’hui 95 000 entreprises exportatrices contre 107 000 il y a dix ans.

Le FMI a choisi cette date pour publier son rapport sur la mission de surveillance qu'il a menée en France, jugeant que le manque de compétitivité est le « défi
majeur
 » de l'économie française et que le gouvernement a « une opportunité unique pour entreprendre des réformes d'envergure ».

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