France: la compétitivité, dossier brûlant du gouvernement

La compétitivité de la France à l'international est au centre des préoccupations du gouvernement. Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a réuni lundi 22 octobre une vingtaine de ministres concernés pour une séance de travail sur ce thème. Le débat a été relancé avec la publication, samedi par le Figaro, de ce que pourraient être les propositions du rapport demandé à Louis gallois, commissaire à l’investissement et ancien patron d'EADS.

Le rapport de Louis Gallois sur la compétitivité ne sera remis que le 5 novembre mais déjà les prises de positions se multiplient sur les moyens de redresser la part de marché de la France dans le monde, passée, en vingt ans, de 6,2% à 3,6%, avec une balance commerciale déficitaire, en 2011, de 70 milliards d'euros.

Pour réduire le coût du travail dans le prix final des produits français - et ce, afin de favoriser la pénétration des entreprises françaises à l'exportation -, Louis Gallois propose, selon Le Figaro, de diminuer massivement, sur deux ou trois ans, les cotisations qui pèsent sur les salaires : une réduction de 20 milliards d'euros des cotisations patronales et de 10 milliards des cotisations des salariés. Total : 30 milliards d'euros qui seraient compensés par de nouvelles coupes dans les dépenses publiques et l'augmentation « modérée » de la CSG et de la TVA.

Un problème global, au-delà des coûts

Globalement, chefs d’entreprise et économistes se prononcent pour cette compétitivité par les coûts. Carlos Ghosn, patron de Renault-Nissan défend cette piste de réflexion. Mais les charges sociales servent à financer la protection sociale, assurance maladie, retraites, chômage. Et, pour maintenir un haut niveau de protection sociale, auquel les Français sont attachés, la contrepartie serait donc une augmentation des taxes et des impôts. Avec toutes les conséquences négatives que cela implique sur le pouvoir d'achat.

C'est pourquoi le gouvernement met l'accent sur la compétitivité « hors coût », celle qui résulte de l'innovation, de la qualité des produits et de l’environnement économique et juridique. Si on peut imaginer un traitement différencié entre les entreprises qui sont effectivement engagées dans la compétition internationale et celles qui bénéficient d’un marché national et d’une activité non « délocalisable », le ministre de l’Economie et des Finances Pierre Moscovici préfère envisager le problème de manière globale.

Choc ou trajectoire

Il n'est donc peu probable que le gouvernement retienne intégralement les propositions de Louis Gallois en faveur d’un « choc de compétitivité » qui pourrait se traduire par un « choc récessif » dont la France n’a nul besoin. Le président François Hollande a souligné par avance que le rapport Gallois n'engageait que son auteur. « C’est un élément très important, attendu par le gouvernement, mais c’est un élément parmi d’autres et notamment les études menées de leurs côté par les pouvoir publics », expliquait Pierre Moscovici à la sortie de la réunion de lundi.

Car, outre les propositions attendues de l’ancien patron d’EADS, le gouvernement a aussi demandé un état des lieux auprès du Haut Conseil du financement de la protection sociale. C’est après avoir examiné l’ensemble des données que le gouvernement se réserve la décision. Plutôt que de « choc de compétitivité » pour l’an prochain, Pierre Moscovici préfère parler de « trajectoire de compétitivité » à l’horizon du quinquennat. Une autre réunion sur la question de la compétitivité coût aura lieu vendredi à Matignon. Un séminaire gouvernemental sur la question est prévu le 6 novembre, soit le lendemain de la remise de son rapport par Louis Gallois. Il n’y a en revanche pas encore de date annoncée pour les décisions.

 

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