On les accuse d'avoir racketté les dealers. Une affaire lourde, loin d'être terminée, a affirmé ce vendredi, au cours d'une conférence de presse, le procureur Jacques Dallest.
L'affaire est effectivement de taille, puisque sur les 70 membres que compte la Brigade anti-criminalité du nord de la cité phocéenne, vingt-huit policiers ont été entendus par l'Inspection générale de la police nationale (IGPN) à ce jour. Douze d'entre eux ont été déférés au parquet et, selon le procureur, « il est envisageable que d'autres personnes soient impliqués pénalement à divers titres ».
Tout a commencé il y a un an, à l'occasion d'une mission de l'Inspection générale de la police sur le fonctionnement et l'efficacité des services de police marseillais. Certains agissements de fonctionnaires de police ont conduit à l'ouverture d'une enquête préliminaire et l'IGPN a alors déployé de gros moyens. Micros et caméras cachés ont été installés dans les locaux de la BAC, les voitures de fonction ont également été sonorisées pour surveiller le noyau dur des policiers suspectés.
Selon le procureur de la République, ces conversations enregistrées sont accablantes et révèlent les vols, les rackets et les trafics des policiers. « Tout y passe, précise-t-il, et de façon répétée ». « Une véritable gangrène », conclut le procureur.
Du cannabis dans les faux plafonds
L’accusation s’appuie également sur la découverte d’environ 450 grammes de produits stupéfiants, du cannabis, et de plusieurs sommes d’argent. Dans les vestiaires et les faux plafonds de la Brigade anti-criminalité, les enquêteurs ont retrouvé notamment 800 euros et des sachets d’herbe.
L’information judiciaire conduite par les juges Patricia Krummenacker et Caroline Charpentier avait été ouverte en février dernier pour des faits de vol et d’extorsion commis en bande organisée. Des faits passibles de 20 ans de réclusion.
En 2011, trois mille sanctions ont été prononcées contre des policiers dans des affaires disciplinaires, sur un effectif total de 145 000 fonctionnaires de police. 85% étaient des avertissements, une perte de carte professionnelle par exemple, et 3% des mises à la retraite d’office ou des révocations, qui sont les sanctions les plus graves, pour notamment des affaires de corruption.
« Marseille est une affaire aussi exceptionnelle que rare », a déclaré Pascal Garibian, le porte-parole de la Direction générale de la police nationale, faisant valoir que « l’ensemble des policiers étaient affectés et qu’il n’est pas question qu’ils soient associés à cette dérive ». Reste qu’après l’affaire Neyret, puis l’arrestation pour corruption de plusieurs policiers lyonnais en septembre dernier, la police française n’en finit pas de compter ses ripoux.