Avec notre envoyée spéciale à Guidel,
François Bayrou a décidément un sens de la synthèse bien à lui : « C’était une soirée formidable pour moi ». Une soirée formidable pour lui qui a pourtant commencé de manière un peu brutale quand un militant l’a interpellé : « Si François Bayrou avait dit, je vote Hollande parce que j’ai gagné cent circonscriptions réservées, j’aurai dit bravo, quel stratège ! La question est : est-ce que nous sommes un think tank avec un seul [homme] qui pense ou un parti politique qui met les mains dans le cambouis à travers des élus ? »
Le MoDem c’est François Bayrou, alors les critiques s’adressent à essentiellement à François Bayrou. Celle de ce responsable départemental du mouvement notamment : « Je suis un responsable fatigué et déçu parce que je ne suis pas d’accord avec le fonctionnement démocratique interne de notre mouvement ».
Quatre heures de critiques
Pendant près de quatre heures, François Bayrou a donc écouté des militants du MoDem en plein doutes, sur les choix politiques passés qui ont conduit à la déroute électorale des législatives mais aussi sur les choix nécessaires pour préserver l’avenir. Un autre militant évoque ainsi la question des alliances envisageables à gauche et à droite : « Il y a une porte qui a été fermée. Elle a été fermée dans la deuxième circonscription des Pyrénées atlantiques [celle où François Bayrou a été battu par une socialiste] par le Parti socialiste. Les choses sont claires. Alors il reste une initiative qui a été prise avec l’UDI. Si demain, on allait ‘‘modémiser’’ cette UDI en construction ? »
Borloo, concurrent ou partenaire ?
L’UDI, c’est l’Union des démocrates indépendants lancée par Jean-Louis Borloo pour regrouper les différentes formations centristes. Une initiative qui n’inspire pas confiance à certains militants du MoDem : « Est-ce que Borloo et l’UDI, ça va peser pour développer le MoDem ? La seule chose qu’il veut, c’est nous manger ».
Se faire manger François Bayrou n’y est pas prêt, alors il pose ses conditions à Jean-Louis Borloo : « Nous avons tendu la main, je suis prêt au dialogue et ce dialogue ne peut s’organiser que dans un respect réciproque absolu. Autrement, il n’y a pas de dialogue ».Comment clore le débat en évitant de trancher.