Charlie Hebdo n'était pas encore dans les kiosques que déjà, ce mardi 18 septembre, le Premier ministre français Jean-Marc Ayrault appelait, dans un communiqué, à « l’esprit de responsabilité de chacun » et affirmait sa « désapprobation face à tout excès ».
« Nous sommes dans un pays où la liberté d'expression est garantie, la liberté de caricature aussi », a insisté Jean-Marc Ayrault, ce mercredi matin sur la radio RTL. Il a toutefois ajouté que, « si vraiment des personnes se sentent heurtées dans leurs convictions et pensent qu'il y a eu dépassement du droit, elles peuvent saisir les tribunaux. »
En déplacement en Egypte, le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius s’est lui aussi empressé de réagir : « Le gouvernement n’encourage en aucun cas ce genre de provocation même s'il respecte la liberté de la presse. » Dans le « contexte » actuel, la publication de Charlie Hebdo jette de « l’huile sur le feu », a jugé le chef de la diplomatie française.
« Provocation inutile »
A droite, l'ancien Premier ministre François Fillon se dit pour la liberté d'expression totale et défend Charlie Hebdo. Brice Hortefeux, ancien ministre de l'Intérieur parle, en revanche, de « provocation inutile » de l’hebdomadaire satirique mais l'eurodéputé, proche de Nicolas Sarkozy, indique quand même qu'il préfère les excès de caricature aux excès de censure.
L'ex-ministre UMP Laurent Wauquiez rappelle lui aussi la liberté d'expression mais estime qu'il peut y avoir de « la retenue ». Pour lui, c'est surtout une question de calendrier, ce n’est surtout pas la bonne semaine en raison des violences qui ont éclaté dans plusieurs pays autour d'un film islamophobe diffusé sur internet.
Marine Le Pen, enfin, dénonce les « reculades » de la classe politique face à des musulmans qui lui imposent des « bras de fer » alors que « la liberté n'est pas négociable ».
Ambassades fermées vendredi
Par ailleurs, le gouvernement a refusé d'autoriser une manifestation samedi 22 septembre à Paris qui avait pour but de protester contre le film américain anti-islam. « Nous ne tolérerons pas de débordement », a expliqué le Premier ministre. La manifestation du 15 septembre près de l'ambassade américaine avait été émaillée de violences et donné lieu à environ 150 interpellations.
Après la publication de ces nouvelles caricatures, la sécurité a été renforcée autour de l’immeuble abritant la rédaction de Charlie Hebdo. En novembre 2011, après la publication d'un numéro spécial baptisé Charia Hebdo avec Mahomet comme « rédacteur en chef », les locaux du journal satirique avaient été incendiés et le site internet du journal piraté.
Dans le monde aussi la sécurité a été renforcée pour les ambassades françaises. Des craintes se concentrent notamment sur ce vendredi, journée de prière dans les pays musulmans et qui pourrait donner lieu à une mobilisation accrue contre l'Occident. Ainsi la France a-t-elle décidé de fermer préventivement par mesure de protection dès aujourd'hui plusieurs de ses ambassades, consulats et écoles dans vingt pays.