Présidence de l’UMP: les duellistes seuls en piste

Les candidats à la présidence de l’UMP avaient jusqu’à 20h ce mardi 18 septembre pour déposer les 7 924 parrainages de militants requis pour briguer la direction du parti lors du congrès de novembre. Xavier Bertrand, Nathalie Kosciusko-Morizet, Bruno Le Maire et Henri Guaino ont tour à tour jeté l'éponge. Ils ne sont désormais plus que deux en lice : l'ancien Premier ministre François Fillon et le secrétaire général du parti, Jean-François Copé. Les enjeux sont de taille pour les duellistes qui représentent deux conceptions de la droite de l'après-Sarkozy.

Quatre mois après la défaite de Nicolas Sarkozy à l’élection présidentielle, ils ne sont plus que deux, ce mardi 18 septembre, à prétendre à sa succession à la tête de l’UMP. Les deux ténors attendus.

Les six candidats ont passé l’été à essayer de récolter les 7 924 parrainages de militants nécessaires pour postuler à la présidence du parti, dont l’élection se déroulera les 18 et 25 novembre prochains. Quelque 260 000 adhérents ont pu y participer.

-Le duel Copé-Fillon

A chaque retrait de prétendant - ils ont été quatre à se retirer de la course, dont trois ce mardi matin -, la bataille pour la direction du principal parti d’opposition de droite se cristallisait autour du seul duel Jean-François Copé-François Fillon. Celui-ci promet donc d’être sanglant, tant chacun multiplie à l’égard de l’autre petites piques assassines et méchants coups bas.

D’un côté, Jean-François Copé. Secrétaire général de l’UMP depuis le 17 novembre 2010, il n’a jamais caché son ambition présidentielle. Ses nombreux déplacements à la rencontre des militants lui ont permis de dépasser largement le nombre de parrainages nécessaires, assure-t-il. Il dénombre parmi ses soutiens de nombreux proches de Nicolas Sarkozy, dont Brice Hortefeux et, depuis ce lundi, Nadine Morano ; des membres de la droite populaire, comme Thierry Mariani et Lionel Luca ; mais aussi l’ex-Premier ministre Jean-Pierre Raffarin.

De l’autre, François Fillon. L’ancien Premier ministre, qui se prévaut d’une expérience de cinq ans à la tête du gouvernement, est le favori. Comme son rival, il multiplie les réunions publiques. François Fillon est notamment soutenu par Laurent Wauquiez, Valérie Pécresse, Roselyne Bachelot ou encore Benjamin Lancar, le président des jeunes UMP. Il compte 59% d’avis favorable chez les sympathisants UMP selon un récent sondage Ifop, contre seulement 20% pour Jean-François Copé. Comme le rappelle toutefois le secrétaire général, ce ne sont pas les sympathisants qui voteront en novembre, mais les militants.

-Les disqualifiés

Aucun, finalement, n'était en mesure de concurrencer les deux favoris, mais trois d'entre eux ont attendu le dernier moment pour admettre leur défaite en apportant un nombre insuffisant de parrainages.

Xavier Bertrand a préféré abandonner. Dimanche 16 septembre, alors qu’il revendiquait pourtant 8 200 parrainages, l’ex-ministre du Travail de Nicolas Sarkozy a annoncé à l’antenne d’Europe 1 qu’il renonçait à briguer la tête du parti, pour ne pas y ajouter de divisions. Mais il a déjà prévenu qu’il comptait se présenter à la primaire pour la présidentielle.

Nathalie Kosciusko-Morizet a dû, elle aussi, renoncer à ses ambitions. Elle l'a annoncé ce mardi 18 septembre au matin : « Hier, au dernier décompte, j'étais à un peu moins de 7 000 parrainages », a précisé la député-maire de Longjumeau, qui a refusé de trancher entre les deux probables finalistes, Jean-François Copé et François Fillon.

Bruno Le Maire et Henri Guaino sont également éliminés ; eux non plus n'ont pas réussi à recueillir les parrainages nécessaires à leur qualification. Bruno Le Maire a precisé qu'il ne soutiendrait personne.

-Les enjeux

2014 et 2017 sont en ligne de mire. Les candidats le jurent : la course pour la présidence de l’UMP n’a pas pour vocation de désigner un candidat pour l’élection présidentielle de 2017. « Ce n’est pas une primaire avant l’heure », a promis Jean-François Copé. Si les intéressés prétendent ne pas s’y intéresser, leurs proches ne s’en cachent pas forcément. Valérie Pécresse, qui soutient François Fillon, a ainsi avoué ce lundi sur Canal+ que le vainqueur sera en bonne position pour représenter le parti à la présidentielle.

Les élections municipales de 2014 ne sont pas oubliées pour autant. D’après Bruno Le Maire, elles sont une étape incontournable pour renforcer le parti après ses dernières défaites électorales (législatives en 2012 et régionales en 2010). Pour lui, la mission du futur chef de l’UMP sera donc de préparer 2014, avant même de songer à l’échéance 2017. « Il n’y aura pas de victoire en 2017 si nous ne gagnons pas largement en 2014 les élections municipales », a expliqué l’ancien ministre de l’Agriculture le 20 août dans une vidéo mise en ligne sur le site du Nouvel Observateur.

-Quel visage pour l’UMP ?

La bataille pour la présidence du parti tourne donc à un affrontement entre François Fillon et Jean-François Copé. Ce seront deux visions de la droite qui se font face. L’une, avec Jean-François Copé, décomplexée, prête à reprendre à son compte la stratégie de Nicolas Sarkozy en draguant l’électorat du Front national sur les questions de la sécurité et de l’immigration, par exemple. François Fillon, lui, assume ses différences avec l'ancien président. Il incarne une droite plus traditionnelle, plus modérée.

Mais au-delà de cette simple opposition, c’est une UMP aux multiples visages qui est en train de se dessiner. Car en parallèle de la course pour la présidence du parti, une autre compétition se joue : celle des motions, qui représentent les différentes sensibilités traversant l’UMP. Elles doivent être parrainées par au moins dix parlementaires de dix fédérations différentes pour être validées. Déposées au plus tard ce mardi, ces motions seront soumises le 18 novembre au vote des militants, qui consacreront ainsi l’apparition de courants au sein du parti. La question a d’ailleurs valu une nouvelle passe d’armes entre les deux frères ennemis.

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