Martine Aubry avait laissé entendre, la semaine dernière, qu’elle donnerait le nom tant attendu de son successeur avant la date butoir. Et puis, non. Jusqu’au bout, le suspense demeure alors que les deux postulants, Harlem Désir et Jean-Christophe Cambadélis, font mine d’y croire toujours. Pourquoi autant d’attente avant d’annoncer le choix du futur premier secrétaire du Parti socialiste, c’est-à-dire celui du premier signataire de la motion commune Aubry-Ayrault, qui doit être présentée au congrès d’octobre ? Vraisemblablement parce qu’il dépend des négociations sur l’ensemble de l’architecture de la direction du PS (secrétariat national, conseil national) qui sont encore en cours car chaque courant veut avoir sa part de postes à responsabilité.
Trancher
La décision, tous les ténors du PS en ont convenu, est dans les mains de Martine Aubry. La maire de Lille, dont le départ est désormais acquis, doit trancher mais ne veut le faire qu’en ayant obtenu un dispositif harmonieux. Et la tâche n’est pas aisée, notamment pour donner satisfaction aux partisans de François Hollande, qui veulent peser dans le nouvel appareil. Autre impératif pour l’actuelle première secrétaire : assurer à ses proches des places de choix. On évoque notamment Guillaume Bachelay, un de ses conseillers et député de Seine-Maritime, à la place de numéro deux.
Numéro deux, derrière qui ? Harlem Désir a engrangé ces derniers jours des soutiens de poids, notamment de la part de membres du gouvernement comme Vincent Peillon ou Pierre Moscovici. Mais aussi du maire de Paris Bertrand Delanoë. Un sondage récent lui donne de plus la faveur des sympathisants socialistes, qui le plébiscitent à 72% pour succéder à Martine Aubry, dont il avait assuré l’intérim pendant la primaire. Harlem Désir est-il alors le favori dans la dernière ligne droite ? Son concurrent, Jean-Christophe Cambadélis, proche de Dominique Strauss-Kahn, ne veut pas y croire et continue à faire campagne en se présentant comme « le garant de l’indépendance des militants », lorsque Harlem Désir met en avant ses soutiens gouvernementaux.
Des critiques
Tant que rien n’est officiel, tout est possible. Mais l’attente, très longue, aura laissé le temps pour la critique. De la part de l’opposition de droite, qui se gausse des méthodes du PS jugées anachroniques. Mais aussi en interne, où des voix se sont élevées pour dénoncer un mode de désignation opaque et l’absence de débat. Des critiques que Martine Aubry devra faire taire en annonçant son choix, si elle veut réussir sa sortie.