François Hollande a préparé le terrain avant son intervention télévisée. En accordant une longue interview au quotidien Le Monde, il a commencé à expliquer le sens de son action, les contraintes auxquelles il doit faire face et sa manière d'envisager la présidence.
Le décor est planté, vient maintenant l'heure de vérité : celle où il va devoir - via le petit écran - convaincre les Français et répondre à leurs attentes qui se font de plus en plus pressantes, si l'on en croit les enquêtes d'opinion qui marquent une inquiétude et une déception par rapport aux premiers mois d'exercice du pouvoir.
Les Français doutent, en effet, de la capacité de François Hollande à agir. Le président de la République l'a d'ailleurs constaté à ses dépens sur le terrain, dès son premier déplacement de rentrée à Châlons-en-Champagne, où il a été confronté à un accueil mouvementé et revendicatif.
En pleine chute de popularité, à un moment où les comparaisons avec son prédécesseur Nicolas Sarkozy émergent, François Hollande, pour réussir à reprendre la main doit faire preuve de détermination sur les sujets qui préoccupent la population, à commencer par celui de l'emploi.
Indiquer le cap
Nul doute aussi que les Français attendent des éclaircisssements du président de la République sur la question de la fiscalité et de la fameuse taxe à 75% pour les plus hauts revenus dont il avait fait un des arguments choc de sa campagne. Un projet à nouveau au coeur de l'actualité après la demande de nationalité belge faite par Bernard Arnault, l'homme le plus riche de France.
Indiquer le cap, donner une perspective, mais aussi montrer qu'il agit et qu'il trouve des solutions... Bref, il faut « accélérer », selon ses propres mots, et entrer dans le vif du sujet, c'est-à-dire expliquer aux Français comment les efforts annoncés - 30 milliards d'euros à trouver - seront concrétisés tout en tenant les engaments.
Jusqu'à présent, tous les efforts de pédagogie engagée depuis la rentrée, notamment par le Premier ministre, sont en effet restés vains. La spirale des critiques sur l'inaction n'a pas été stoppée, au contraire : les Unes assassines des magazines ont acculé le chef de l'Etat et son gouvernement. Trouver le style, le ton, les arguments pour démontrer qu'il tient la barre et redonner confiance, c'est bel et bien l'enjeu de cette intervention. Il est de taille.