France: Marseille au cœur des préoccupations gouvernementales

Jean-Marc Ayrault préside ce jeudi 6 septembre un comité interministériel entièrement consacré à la ville de Marseille dans le but d'apporter une réponse globale à la criminalité et aux règlements de compte qui font rage dans la cité phocéenne. Plusieurs assassinats en cascade ainsi que le coup de gueule d'une élue locale appelant la semaine dernière l'armée à la rescousse, ont manifestement précipité cette réunion.

Le gouvernement avait prévu de plancher sur la problématique marseillaise à la mi-septembre, et certains ministres comme François Lamy, le ministre délégué à la Ville, s'étaient rendus dès juillet en toute discrétion sur place pour affûter leurs arguments. Mais un énième règlement de comptes, suivi du coup de gueule d'une élue locale, ont bousculé l'agenda. La réunion prévue a été avancée d'une semaine, transformée pour le coup en comité interministériel élargi.

Cette élue locale est Samia Ghali, sénatrice socialiste, maire des 15ème et 16ème arrondissements de Marseille, qui font partie comme on le dit pudiquement des « quartiers sensibles ». Samia Ghali est née dans les quartiers nord. Elle y a grandi, et vit avec les habitants de ces cités une « relation totalement fusionnelle », comme elle le dit elle-même. C'est sans doute pour cela qu'elle a voulu mettre les pieds dans le plat, quitte à être critiquée à droite, comme à gauche.

Les quartiers nord laissés à l'abandon

En demandant à l'armée de faire régner l'ordre dans les cités, Samia Ghali ne s'est pas fait que des amis. Certains ont parlé d' « idiotie », d'autres ont rappelé que la France n'était pas en état de guerre civile. Chez les policiers, cet appel a carrément froissé les susceptibilités, d'autant que les derniers marqueurs de la délinquance seraient selon eux, plutôt bons. Mais le temps médiatique et le temps des enquêtes n'ont rien à voir : il faut sept mois au moins pour élucider une affaire. Et comme la presse n'aime pas parler des trains qui arrivent à l'heure, personne ne s'intéresse vraiment aux réussites policières alors que les règlements de compte à coups de kalachnikov font grand bruit.

A Marseille, les policiers voudraient simplement s'abstraire de cette pression médiatique pour travailler dans le calme et la sérénité. Ils voudraient aussi des renforts aguerris, notamment dans les domaines du renseignement et du fisc, pour mener des enquêtes au long cours, et plus d'uniformes dans les rues pour rassurer les passants.

« Sauver Marseille »

Certains habitants font en effet valoir que les quartiers nord ont été laissés à l'abandon depuis plusieurs années déjà. Commissariats fermés, trafic de drogue omniprésent, circulation d'armes lourdes sous le manteau. La criminalité a changé de visage et les Marseillais ne reconnaissent pas leur ville. Ils ont peur d'une balle perdue, peur de cette violence qui explose à proximité des écoles et des immeubles.

Pour « sauver Marseille », il y aurait tellement à faire ! Les quartiers nord représentent quelque 200 000 habitants, un quart de la ville environ. Pourtant, eux n'ont pas droit au tramway. Ils n'ont pas non plus de médiathèque, alors que Marseille a été décrétée « capitale européenne de la culture en 2013 ». C'est en tout cas ce que regrette, amère, Samia Ghali. Pour elle, comme pour de nombreux Marseillais, le gouvernement doit désormais apporter une réponse « globale », et pas seulement une réponse sécuritaire.

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