Le Conseil français du culte musulman en pleine crise

Les représentants de la Grande mosquée de Paris, membre fondateur du Conseil français du culte musulman (CFCM), ont claqué la porte, mercredi 11 juillet. En cause, des désaccords profonds au sujet de la réforme de l’instance créée en 2003 par Nicolas Sarkozy.

Moins de dix ans après sa création, le Conseil français du culte musulman est de nouveau paralysé par les dissensions internes. Dalil Boubakeur, le recteur de la Grande mosquée de Paris reproche à l’actuel président du Conseil, Mohamed Moussaoui, une « gouvernance autocratique ». Il déplore aussi que sa Mosquée soit réduite à une place mineure au sein de l’instance. C’est pour ces raisons qu’il a décidé, hier mercredi, de se retirer du Conseil, ainsi que deux de ses représentants.

La décision surprend, y compris en interne. Ni le bureau national, ni le conseil d’administration de la Grande mosquée n’ont été informés. A la tête du CFCM, Mohamed Moussaoui se déclare lui « étonné d’une décision brutale, prise sans concertation préalable ».

Réforme nécessaire

Il s’agit de l’énième crise interne au CFCM qui regroupe plusieurs associations musulmanes de différentes sensibilités. Toutes s’accordent sur la nécessité d’une réforme, mais pas sur la forme que celle-ci doit prendre. Un point en particulier cristallise les tensions, la représentativité de chaque association au sein de l’instance. Actuellement, elle est liée à la taille des lieux de culte, ce qui défavorise les mosquées les plus anciennes, comme celle de Paris. Autre dossier sensible, le rôle du Conseil en France. Dalil Boubakeur est partisan d’une simple fédération d’associations musulmanes et pas d’un organe incarnant à lui seul l’islam de France, comme il est en train de le devenir.

Ce n’est pas la première fois que le CFCM se déchire. Il y a quelques mois, l’Union des organisations islamiques de France (UOIF) a également refusé d’y siéger. Mais la défection de la Grande mosquée de Paris fait cette fois peser un risque sur son avenir.

Le dossier est suivi de très près par le gouvernement, qui regarde d’un œil sévère les déchirements internes d’un organe créé en 2003 par Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'Intérieur, pour représenter l’islam auprès des pouvoirs publics. Le ministre de l’Intérieur actuel, Manuel Valls, a déploré la semaine dernière des « divisions, des égoïsmes et une concurrence » qui gênent le dialogue cultuel.

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