Avec notre envoyé spécial au palais de justice de Paris, Franck Alexandre
Lorsqu’au printemps 2007, Eric Cordelle est nommé à la tête du desk Delta One où officie Jérôme Kerviel, il règne un véritable flottement au sein des marchés de la Société générale. Cela fait quatre mois déjà que les traders sont livrés à eux-mêmes, sans chef de service. De plus, Martial Rouyère, super manager des activités de trading, est très souvent en déplacement professionnel aux Etats-Unis.
Et ce n’est pas tout. En cette année 2007, l’activité boursière est en pleine expansion. Difficile pour les traders de prendre des vacances. Jérôme Kerviel, par exemple, ne s’arrêtera que quatre jours et ce n’est pas un cas isolé.
Tout repose donc sur la confiance faite aux salariés, sous pression. L’encadrement n’a aucun doute sur la probité de Jérôme Kerviel. « Je n’ai jamais eu aucune raison de me faire des idées sur lui, explique ainsi à la barre Martial Rouyère. C’était quelqu’un de réservé mais de sérieux. Il inspirait confiance ».
Fin 2007, lors de l’entretien annuel de Jérôme Kerviel, ses supérieurs vont même le féliciter pour sa très bonne année avant de « tomber de l’armoire » quinze jours plus tard, comme ils disent, lorsqu’ils découvriront que l’employé modèle a fait sauter la banque.