Avec notre envoyé spécial au palais de justice de Paris, Franck Alexandre
Dans cette affaire, Eric Cordelle a tout perdu. Ce polytechnicien de formation, ingénieur en produits financiers, a été licencié du jour au lendemain pour incompétence managériale. Il vient de passer quatre ans au chômage.
Lorsqu’en avril 2007, il accepte de diriger le desk Delta One, Eric Cordelle n’est pas trader. « J’étais en phase d’apprentissage, explique-t-il à la barre, je ne connaissais pas le métier. On m’a dit : "appuie-toi sur Jérôme Kerviel, c’est un bon" ». Jérôme Kerviel va faire assaut d’amabilités avec ce supérieur qui ne connaît rien au trading.
Toujours prêt à aider les autres, il fournit des explications cohérentes sur ses activités. Pas de raison de s’inquiéter donc. Eric Cordelle souligne : « Jérôme a été très habile. A posteriori, savoir qu’il était assis sur plusieurs milliards d’euros de pertes, ça fait froid dans le dos. »
Le 18 janvier 2008, l’affaire est sur le point d’éclater. Eric Cordelle se souvient : « On a vu débarquer les top managers, Jérôme m’a dit : "je suis sûr que c’est pour moi, j’ai un problème de 500 millions d’euros, je vais être licencié". Pour le rassurer, je lui ai dit : "ne t’inquiètes pas, si tu sautes, je saute aussi". »
Aujourd’hui, Eric Cordelle souhaite que son honneur soit lavé. Il veut que la vérité soit rétablie, et sa vérité ne cadre pas vraiment avec la théorie du complot soutenue par la défense.