Sous la pression de la cour, la défense de Jérôme Kerviel a dû ce lundi matin sortir du bois. La présidente de la cour d'appel, Muriel Filippini, magistrate très directive, n'aime pas beaucoup les secrets et déteste encore plus les manières des avocats du prévenu. « Nous aimerions le nom de ce témoin mystère, la cour exige son nom », lance-t-elle au début de l'audience.
David Koubbi, l'avocat de Jérôme Kerviel, aurait préféré garder ce nom secret encore quelques jours, mais il doit s'exécuter. Il s'agit de Philippe Houbé, de la société de courtage Newedge, filiale de la Société Générale. « Je me doutais bien que c'était quelqu'un de cette entreprise, reprend sèchement la présidente. Nous l'entendrons ce jeudi ».
Les dés sont jetés. David Koubbi, chef de file de la défense, est persuadé que le témoignage de ce banquier va faire basculer l'audience et révéler la responsabilité de la banque dans la perte des 5 milliards d'euros. Vendredi, il a déjà remis 1 000 pièces censées appuyer les révélations de ce témoin de dernière minute. A partir d'aujourd'hui, tranche la cour, il n'y aura plus ni communication de documents ni nouveau témoin.
La défense vient donc de jouer son va-tout et de l'autre côté de la barre, les représentants de la Société Générale affichent, eux, la plus grande sérénité.