L'épreuve de philosophie donne le coup d'envoi du baccalauréat 2012

Conscience, liberté, désir… La session 2012 du baccalauréat, avec l'épreuve de philosophie débute ce lundi 18 juin. Ce sont, au total,  703 059 candidats qui tenteront leur chance cette année. Parmi ceux-ci, près de 500 000 élèves des séries générales et technologiques plancheront, quatre heures durant, sur l'un des trois sujets au choix - deux dissertations et un commentaire de texte. Les élèves ne perçoivent pas toujours bien le sens, l'utilité et le but de cette épreuve, qui met le point final à un cursus de seulement neuf mois, cette matière n'étant au programme qu'à partir de la terminale. Difficile, dans ce laps de temps de découvrir plus de cinquante auteurs et d'absorber des dizaines de notions. Faut-il la gommer du programme de terminale, ou, au contraire, l'appréhender plus tôt, dès la classe de seconde ? 

Cheveux bouclés, Philémon est un long jeune homme de 18 ans. Il est en terminale L (littéraire), avec au programme 8 heures de philosophie par semaine et un coefficient 7 au bac. La discipline l'intéresse : « On se penche sur des choses auxquelles on n’a jamais vraiment réfléchi. C’est une logique assez simple. Ce n’est pas une espèce de cours qu’on doit apprendre par cœur ou qu’on doit nous rabâcher. C’est vraiment un cours de réflexion. C’est assez rare de voir cela dans le système scolaire et c’est pour cela que ça m’a beaucoup plu cette année ».

Evelyne Rognon, professeur de philosophie : « Le propre de la philosophie, explique-t-elle, c’est d’aborder des questions universelles et les élèves réalisent à quel point, depuis les Grecs par exemple, les questions qu’ils se posent ont été examinées, réfléchies. On a proposé des formulations, des réponses. Et donc se rendre compte que Socrate se posait les mêmes questions qu’eux sur le sens de la vie, la valeur du désir, pourquoi on travaille par exemple. Ce sont vraiment des émotions intellectuelles importantes ».

Parmi les philosophes étudiés, c'est Bergson et sa réflexion sur la fonction du langage qui a particulièrement parlé à Philémon : « Il montrait qu’on était bloqué par les mots, que ça nous bloquait la pensée. Et je trouve que c’est très vrai. Je me suis beaucoup rendu compte ces dernières années que c’est assez compliqué de vraiment expliquer ce qu’on veut dire ».

L’enseignement de la philosophie au lycée reste une spécificité française. Dans la plupart des autres pays européens, la philosophie n'est enseignée aux élèves qu'à l'université. Pour Philémon, la philosophie tient une place capitale : « J’ai trouvé cela très intéressant. Après ce que je trouve dommage, c’est qu’on en fasse juste en terminale ».

Alors faut-il commencer l'enseignement de la philo dès la classe de seconde ? Sur cette question, les avis divergent. Evelyne Rognon et Thierry Novarese, tous deux professeurs de philosophie dans un lycée de l'Essonne dans la banlieue sud de Paris. Thierry Novarese donne son opinion : « Moi, individuellement, je suis réservé. On le dit aussi clairement que ça. Il y a la conscience, la sexualité, etc… Et ces questions-là, il y a un âge pour les aborder. Je trouve que la terminale, c’est le bon âge ». Sa collègue Evelyne Rognon ne partage pas le même avis : « Pour moi, affirme-t-elle, qu’il y ait en seconde une découverte de la philosophie, et, en tout cas, en première L un enseignement philosophique de deux ou trois heures par exemple, ça serait vraiment bénéfique et ça permettrait de montrer une continuité. Et ça permettrait aux élèves d’avoir le temps d’entrer dans la discipline ».

Depuis un an, 300 lycées en France testent l'enseignement de la philosophie dès la classe de seconde. Le bilan n'a pas encore été dressé.
 

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