La France à la peine dans la lutte contre la pauvreté des enfants

Le dernier rapport de l’Unicef sur la pauvreté des enfants dans les pays dits « riches » dresse un sombre tableau. Sur les 200 millions d’enfants des pays concernés par l’étude, 30 millions sont considérés comme pauvres. La France occupe le 14e rang sur 29 pays. Pas très reluisant... Pourtant, c'est le pays qui dépense le plus pour la famille.

France : tout juste passable. C’est le bilan que l’on peut tirer du dernier rapport élaboré par le Centre international de recherche Innocenti de l’Unicef « Mesurer la pauvreté des enfants ». Selon l’organisme mondial, la France se situe au 14e rang des 29 pays étudiés, et parmi les plus mauvais élèves si l’on regarde les pays les plus riches.

Quelque soit l’approche choisie par le rapport, la France se retrouve dans le ventre mou du classement. Si l’on considère l’indicateur de la « pauvreté relative » qui estime qu’un enfant est pauvre s’il vit dans un foyer dont le revenu est inférieur à 50% du revenu médian national (soit 1 197 euros par mois pour la France), le pays compte 8,8% d’enfants pauvres. Soit 1 300 000, dont la moitié serait mal logée et 20 000 sans domicile fixe. L’Islande, la Finlande, Chypre, les Pays-Bas tiennent le haut du tableau avec un taux de pauvreté relative des enfants inférieur à 7%.

Un taux de privation élevé

Mais si l’on analyse le « taux de privation », le tableau se noircit encore. Le niveau de privation des enfants est calculé à partir du pourcentage d’enfants privés d’au moins deux des quatorze variables jugées nécessaires pour le bien-être d’un enfant. Par exemple, avoir trois repas par jour, manger des fruits et légumes frais tous les jours, pouvoir avoir une activité de loisir régulière ou encore disposer d’un endroit calme pour faire les devoirs et de deux paires de chaussures de la pointure appropriée, etc.

Avec l’Italie (13,3%), la France est le seul pays parmi les 15 pays les plus riches à dépasser les 10% avec un taux de privation de 10,1%. Ce qui la classe au 18e rang sur 29 pays étudiés. A noter que les Etats-Unis ne brillent pas non plus avec un taux de 23,1%...

Dépenses publiques : le paradoxe français

Des résultats plus que moyens d’autant plus surprenants qu’avec 3,7% du PIB alloués aux allocations familiales et réductions d’impôts, la France est le pays qui dépense le plus d’argent pour la famille, devant le Royaume-Uni et la Suède. La moyenne étant de 2,2% dans les pays étudiés.

Certes, cette intervention de l’Etat permet d'atténuer le taux de pauvreté des enfants. Le rapport montre par exemple que la France et l'Espagne affichent des taux de pauvreté avant impôts et transferts à peu près similaires (19,4 % pour la France, 18,8 % pour l’Espagne) mais que grâce à son action sociale, la France réduit de plus de moitié ce taux, tandis qu’en Espagne, il demeure presque inchangé.

Mais il met surtout en lumière la relative inefficacité de l’action publique en France, puisque avec des dépenses moindres, on voit que la Belgique et le Danemark sont bien plus performants.

« Nous sommes le pays de l’OCDE qui reproduit le plus les inégalités sociales d’une génération à l’autre », regrette Fabienne Quiriau, présidente de la Commission Enfance en France de l’Unicef. Le rapport révèle ainsi que le taux de privation des enfants dont les parents sont au chômage dépasse les 45%. Tandis que celui des enfants issus de familles monoparentales s’élève à 21,5%.

 « Une priorité absolue »

Dans son Manifeste pour l’enfance publié à l’occasion des élections, l’Unicef préconise deux mesures pour améliorer l’efficacité de notre dépense publique en faveur des enfants. « D’une part, précise Fabienne Quiriau, la création d’un Observatoire national de l’enfance et de la jeunesse. D’autre part, la création d’un droit à la compensation de la pauvreté pour les enfants. »

Alors que François Hollande a fait de la jeunesse une priorité de son mandat, selon la présidente de la Commission enfance de l’Unicef, « la politique en faveur des enfants doit être une priorité absolue, même et surtout en temps de crise ! »

Ultime précision, et pas des moindres, à prendre en compte. Ce rapport s’appuie sur des données de 2009, à un moment où la crise qui sévit depuis l'année précédente n’avait pas encore fait ressentir tous ses effets. On peut donc imaginer que la situation s’est encore aggravée.

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