Nicolas Sarkozy prend les devants dans l’affaire Bettencourt

Soupçonné par certains d'avoir fait financer une partie de sa campagne 2007 par l'héritière de l'Oréal et son mari, Nicolas Sarkozy vient d'adresser un pli qui sort de l’ordinaire au juge instructeur, Jean-Michel Gentil. Il s’agit d’une copie de son agenda détaillé de ministre de l'Intérieur, accompagnée d'une lettre de sept pages, rédigée par son avocat Thierry Herzog.

Nicolas Sarkozy et son avocat ont pris tout le monde de court. En premier lieu, le juge bordelais Jean-Michel Gentil, forcément surpris de cette démarche unique en son genre, qui intervient quelques heures à peine après la fin de l'immunité de l'ancien président de la République. Mais aussi ses détracteurs, qui n'imaginaient sans doute pas une seconde que l’ex-président serait le premier à vouloir s'exprimer devant la justice.

Visite de courtoisie

On croyait l'acculer à se justifier et c'est lui qui prend l'initiative de fournir des preuves matérielles pour se défendre. Ces preuves, c'est d'abord la copie certifiée conforme de son agenda 2007, un agenda privé et professionnel à la fois, tenu par la même secrétaire depuis vingt ans. C'est aussi une longue lettre rédigée par l'avocat Thierry Herzog pour démontrer, heure par heure, que celui qui était à l'époque ministre de l'Intérieur n'a matériellement pas pu se rendre, secrètement et sans escorte, à plusieurs reprises au domicile des Bettencourt.

Sur l'agenda, un seul rendez-vous chez eux est noté : celui du 24 février 2007, à l'heure du déjeuner. Une simple visite de courtoisie entre voisins, selon Nicolas Sarkozy, qui ne l'a d'ailleurs jamais cachée. La balle est à présent dans le camp du juge. Il va devoir éplucher ces documents ligne par ligne, entendre probablement Nicolas Sarkozy en personne et le confronter ensuite aux autres témoins qui sont légion dans cette affaire où onze personnes, dont l’ancien ministre du Budget et du Travail Eric Woerth, ont déjà été mises en examen.
 

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