Ce n'est pas un raz-de-marée, mais le résultat réalisé par la gauche lors du premier tour des législatives dimanche 10 juin sonne déjà comme une victoire. Selon les résultats définitifs publiés par le ministère de l'Intérieur, le Parti socialiste, Europe Ecologie-Les Verts et le Front de gauche ont totalisé 46,77% des voix lors du premier tour des élections législatives, contre 34,07% pour la droite et 13,6% pour le Front national. François Hollande peut donc espérer la majorité absolue à l'Assemblée nationale.
Le président français pourrait d'ailleurs se passer d'EELV et du Front de gauche pour mener à bien son programme. D'après les dernières projections réalisées par les instituts de sondage, le PS et ses alliés (Parti radical de gauche, Mouvement républicain et citoyen et divers gauche) obtiendraient de 283 à 329 sièges à l'issue du second tour, tandis que la majorité absolue se situe à 289 sièges.
Une « défaite honorable » pour l'UMP
Malgré cela, l'UMP estime s'en sortir plutôt bien, parlant d'une défaite honorable. Avec 34,6% des voix, le parti a même fait légèrement mieux que le PS et ses 34,4%. Hier soir, ses cadres répétaient d'ailleurs sur les plateaux de télévision qu'avec près de 40% d'abstention, rien n'était encore tout à fait perdu. Reste à déterminer quelle position adopter face aux triangulaires et aux éventuels duels Front national-gauche. Un bureau politique extraordinaire se tient ce lundi après-midi à Paris pour en discuter. Le principe du « ni, ni » - ni Front national, ni front républicain avec la gauche - devrait l'emporter.
Bien que son résultat ait été moins élevé qu'à l'élection présidentielle, le Front national confirme cependant sa bonne place sur la scène politique française. Avec 13% des suffrages, il triple même son score de 2007. Les frontistes sont en position de se maintenir dans 61 circonscriptions au second tour, dont 32 triangulaires. Trois d'entre eux sont d'ailleurs bien partis pour l'emporter. C'est le cas de Marine Le Pen à Hénin-Beaumont, de sa nièce Marion Maréchal-Le Pen dans le Vaucluse ou de l'avocat Gilbert Collard dans le Gard. Le FN peut ainsi espérer décrocher trois sièges et marquer son grand retour à l'Assemblée, d'où il était absent depuis 1986.
Les ténors en tête
La grande majorité des 24 membres du gouvernement candidats sont en bonne position. S'ils ne pourront pas siéger à l'Assemblée nationale, principe du non-cumul des mandats oblige, ils doivent gagner pour conserver leur maroquin. Six d'entre eux l'ont emporté dès le premier tour, à l'instar du Premier ministre Jean-Marc Ayrault en Loire-Atlantique (56,21%), du ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius en Seine-Maritime (52,6%), ou encore de la ministre déléguée à la Justice Delphine Batho dans les Deux-Sèvres (53,18%). Au total, ils sont 36 candidats, dont 22 pour le PS, à avoir obtenu plus de 50% des voix.
La plupart des ténors de l'UMP sont également en tête dans leur circonscription. C'est le cas de Jean-François Copé, de Christian Jacob, de François Fillon ou de Xavier Bertrand. Mais pour certains, l'issue reste encore incertaine. Ainsi, pour sa première participation à une élection, l'ancien conseiller de Nicolas Sarkozy Henri Guaino risque d'être confronté à une triangulaire dans les Yvelines. En Meurthe-et-Moselle, Nadine Morano apparaît plus sérieusement menacée. Arrivée en deuxième position face à un candidat socialiste, elle a appelé les électeurs du Front national à se rassembler autour d'elle au second tour.
En danger
D'autres têtes de parti faisaient en revanche grise mine à l'annonce des résultats dimanche soir, comme Ségolène Royal à La Rochelle. Celle qui brigue le perchoir de l'Assemblée nationale se retrouve opposée à un candidat dissident PS qui pourrait bénéficier des voix de la droite. A Hénin-Beaumont, où il était venu défier Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon n'est arrivé que troisième avec un peu plus de 21%. Il préfère se désister au profit du candidat socialiste. Mais le grand perdant de ce premier tour est probablement François Bayrou. Dans sa circonscription des Pyrénées-Atlantique qu'il occupe depuis 1986, le président du MoDem se retrouve au coeur d'une triangulaire qui risque fort de lui coûter son poste de député.
Si l'issue de ce scrutin semble être largement favorable au PS et ses alliés, de nombreuses inconnues subsistent donc. Verdict le 17 juin.