Il n'y aura pas de précédent créé cette année. La France s'achemine bien vers l'alternance, comme prévu depuis la présidentielle. François Hollande et les siens devraient -enfin- obtenir les moyens de mener leur politique comme ils l'entendent, en raflant dimanche prochain la majorité à l'Assemblée nationale. Elle est indispensable pour former un gouvernement et valider les projets de lois durant le quinquennat.
Preuve de cette vitalité du camp présidentiel : la quasi-totalité des ministres engagés dans la bataille sortent renforcés du premier tour. Six d'entre eux sont même d'ores et déjà élus, en obtenant plus de 50% des voix. C'est le cas du premier d'entre eux, Jean-Marc Ayrault, ou encore du ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius. Ce sera plus compliqué pour Kader Arif (Anciens combattants) et Marie-Arlette Carlotti (Personnes handicapées), en ballotage.
Bayrou joue sa Pau
La bipolarisation de l'Assemblée, déjà observée en 2007, pourrait se confirmer en 2012 (mais à l'envers). Europe Ecologie-Les Verts souhaitait dépasser le seuil des 15 députés nécessaires pour former un groupe parlementaire et peser. Ils ne sont finalement sûrs de rien (10 à 15 sièges). La situation est à peine plus confortable pour le Front de gauche, représenté à 80% par le Parti communiste français dans cette élection, et crédité de 12 à 17 sièges.
Le Nouveau centre et les radicaux de gauche auront peut-être un groupe chacun, comme le FG et EELV, mais aucun ne devrait atteindre les 20 députés. Quant au MoDem, il confirme son incapacité à exister dans ce scrutin sans sceller d'alliance (0 à 3 sièges). François Bayrou jouera même à nouveau sa survie politique dimanche prochain, lors d'une triangulaire qui l'opposera au PS et à l'UMP dans son fief de Pau.
«Front familial» au palais Bourbon
Au vu des projections de deuxième tour, réalisées sur la base des estimations du premier, le PS et l'UMP devrait en fait écraser l'hémicycle de leur présence (275 à 305 pour l'un, 205 et 235 pour l'autre). Les socialistes semblent même en capacité de rafler la majorité absolue à eux seuls (289 sièges), à condition -bien sûr- d'éviter tout faux pas dans l'entre-deux-tours, à l'inverse des sarkozystes en 2007 (Jean-Louis Borloo avait annoncé l'arrivée d'une TVA sociale le soir du premier tour).
Recueillant 13,7% des voix, le Front national n'est même pas sûr d'obtenir un député, espéré depuis 1986. Marine Le Pen et sa nièce Marion tenteront de briser la malédiction. L'une et l'autre sont qualifiées dans leur circonscription respective avec des scores confortables. A 22 ans, Marion Maréchal-Le Pen obtient 34,63% dans le Vaucluse, où elle est parachutée. Quant à sa tante, elle dépasse les 40% dans le Pas-de-Calais, surclassant le PS et Jean-Luc Mélenchon. Le parti nationaliste peut se maintenir dans 61 circonscriptions, dont 32 triangulaires.
La plus mal élue de toute la Ve
Les élections législatives, cruciales dans une démocratie parlementaire comme la France, ont une nouvelle fois été boudées par les électeurs, en raison de la domination croissante de l'élection présidentielle sur la vie politique française, permise par l'adoption du quinquennat et l'inversion du calendrier électoral au début des années 2000.
La coutume, qui veut qu'environ 20 points de participation se perdent entre la présidentielle et les législatives qui la suivent, a été respectée : 57,1% de participants, contre 79,48% le 22 avril. Cette assemblée sera probablement la plus mal élue de toute l'histoire de la Ve République, avec un niveau d'abstention plus fort encore qu'il y a cinq ans.