Le premier gouvernement Ayrault confirme bien la règle selon laquelle la construction d'un gouvernement répond à un subtil équilibre.
Equilibre parfait, d'abord, et historique, entre les femmes et les hommes. Equilibre, encore, entre toutes les sensibilités socialistes. Personne n'est oublié. Faut-il y voir la patte d'un ancien premier secrétaire du Parti socialiste adepte de la synthèse ?
Le même équilibre répond à la nomination des deux ministres écologistes : l'une venue des Verts, Cécile Duflot, au Logement, et l'autre d'Europe Ecologie, Pascal Canfin, au Développement (anciennement le ministère de la Coopération). L'élargissement de l'équipe au-delà des frontières du PS est également incarné par Christiane Taubira, ancienne candidate radicale à la présidentielle de 2002, nommée garde des Sceaux.
Il a fallu plaire à tout le monde et opérer le rassemblement. Alors qu'il ne devait y avoir que quinze gros ministères, il y en a deux de plus en fin de compte. Avec trente-quatre ministres au total, on arrive à un gouvernement pléthorique mais d'abord équilibré, à l'image de la présidence qu'a promis d'incarner François Hollande.
Martine Aubry est absente mais ses amis Marylise Lebranchu, Pascal Lamy et Alain Vidalies sont là. Laurent Fabius, qui pèse son poids au Parti socialiste, occupe le prestigieux poste de ministre des Affaires étrangères, premier dans l'ordre protocolaire. Il est accompagné de ses amis Valérie Fourneyron aux Sports ou Bernard Cazeneuve aux Affaires européennes.
Les amis de François Hollande, qui craignaient pour leur sort ne sont pas oubliés : Jean-Yves le Drian est comme prévu à la Défense. Stéphane Le Foll est à l'Agriculture, Kader Arif, fils de harki, aux Anciens combattants et Michel Sapin au Travail.
Sans oublier la présence de l'ancien strauss-kahnien Pierre Moscovici au poste clé de l'Economie ou Vincent Peillon à l'Education, priorité du nouveau président. Manuel Valls, qui représente l'aile droite, entre au ministère de l'Intérieur. Jérôme Cahuzac, qui incarne la rigueur de gauche, est au Budget.
Néanmoins, cet équilibre devra sans doute être rebattu à l'issue des législatives. Les ministres battus dans leur circonscription ne seront pas reconduits, a prévenu Jean-Marc Ayrault. Et il faudra peut-être faire de la place à d'éventuels ministres communistes.