France : le procès de la catastrophe sanitaire du Médiator s'ouvre ce lundi à Nanterre

Le procès du Médiator, l'une des plus graves catastrophes sanitaires en France, s'ouvre ce lundi 14 mai à Nanterre, en banlieue parisienne. C'est le premier procès pour tromperie aggravée des laboratoires Servier et de leur fondateur Jacques Servier, poursuivis pour la commercialisation, de 1976 à 2009, de ce médicament prescrit comme coupe-faim et qui a fait de 500 à 2 000 morts. Jacques Servier, 90 ans, et quatre autres dirigeants de ce laboratoire risquent jusqu'à quatre ans de prison ferme.

Pour obtenir réparation, les victimes présumées du Médiator ont choisi plusieurs voies : certaines ont déposé plainte à Paris, une instruction est en cours mais l'enquête sera longue avant d'aboutir à un procès. D'autres, jugeant que les premiers rapports sont suffisamment accablants, ont choisi la voie de la citation directe à Nanterre, avec l'espoir d'obtenir une indemnisation rapide.

A Nanterre ce lundi 14 mai, ils seront donc plusieurs centaines de plaignants dans la salle du tribunal correctionnel, venus soutenir que les laboratoires Servier ont sciemment caché, pendant vingt ans, les dangers du Médiator.

Le Médiator, présenté à l'origine comme anti-diabétique mais prescrit massivement par les médecins comme coupe-faim, concerne potentiellement des millions de personnes susceptibles d'avoir contracté comme effet secondaire des affections cardiaques. Les plaignants réclament chacun 100 000 euros de dommages et intérêts.

De son côté, la défense souligne que si les risques avaient été si évidents, les multiples dispositifs de contrôles français les auraient signalés.

Mais avant de nier les faits, la défense des laboratoires Servier compte d'abord plaider un renvoi de l'audience. Non bis ibidem, le droit exige qu'on ne juge pas deux fois une personne pour les même faits. Les avocats vont rappeler aux magistrats qu'il est impossible d'organiser un procès à Nanterre alors qu'une instruction est ouverte à Paris.
 

Partager :