Le malaise des policiers français resurgit avec des journées de «mobilisation» organisées par les syndicats

Les policiers sont en colère. Ils ne l'ont pas caché entre les deux tours de l'élection présidentielle et ont décidé de revenir à la charge, juste avant la nomination du futur gouvernement et du prochain ministre de l'Intérieur. Ils défileront donc en deux cortèges séparés, deux jours de suite, en fonction de leur sensibilité politique : le syndicat Unité police SGP-FO contre les réductions d'effectifs ce jeudi 10 mai et le syndicat Alliance, proche de la droite, pour défendre l'idée d'une présomption de légitime défense, le lendemain.

Le malaise des policiers n'est pas récent, mais il s'est accru ces dernières années. Dans les commissariats, les conditions matérielles se sont dégradées alors précisément que les faits de violence se multipliaient dans la société.

Surtout, la « politique du chiffre », imposée par le ministère de l'Intérieur a fait des ravages. C’est en tout cas l’avis d’Alain Hamon, auteur du livre Police : l'envers du décor. « La politique du chiffre, explique Alain Hamon, ce que les policiers appellent entre eux la " bâtonite ", c’est-à-dire faire des petites croix dans les cases pour que les politiques se satisfassent des statistiques bonnes. Et bien de cela, ils en ont eu vite ras-le-bol ».

Aujourd'hui, les policiers n'en peuvent plus. Au point de sortir dans la rue pour exprimer leur ras-le-bol, comme de simples manifestants ordinaires.

Pour Yannick Danio, de l'unité police SGP-FO, « ce dont souffrent aujourd’hui le plus les policiers, c’est qu’ils ont la population à dos. Tout ce qui rapprochait police et population a été coupé. Nous sommes passés d’une police du quotidien riche en effectifs à une police d’ordre. Et on s’aperçoit qu’au bout de quelques années que ça ne fonctionne pas. Une bonne police est là pour servir les citoyens. Et bien évidemment, le travail du policier, c’est prévention, présence et répression ».

Un message assez clair à l'adresse du futur gouvernement, pour remplacer la politique du chiffre par une politique de résultats, autrement plus légitime aux yeux des policiers.

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