France: manifestation de policiers sur les Champs-Elysées contre la mise en examen d'un des leurs

Plusieurs centaines de policiers se sont rassemblés sur les Champs Elysées à Paris, ce mercredi 25 avril dans la soirée, pour manifester leur mécontentement suite à la mise en examen pour homicide volontaire d'un agent de Seine-Saint-Denis. Défendant la thèse de la légitime défense, ils souhaitaient se rendre au ministère de l'Intérieur, mais en ont été empêchés par leurs collègues en service.

Entre 50 et 100 véhicules de police, sirènes allumées, conduits par des fonctionnaires de police, se sont retrouvés sur l’avenue des Champs-Elysées, pour témoigner du mécontentement des policiers jusque devant les grilles du ministère de l’Intérieur, place Beauvau.

Les fonctionnaires de police s’étaient donnés rendez-vous dans le centre de la capitale après avoir manifesté à 19h30 à l’appel des syndicats, devant la Direction territoriale de la sécurité de proximité à Bobigny. Ils s’insurgent contre la mise en examen sous contrôle judiciaire d’un collègue de Seine-Saint-Denis, accusé d’homicide volontaire et interdit d'exercer.

Ils souhaitaient se rendre à leur ministère de tutelle, mais leurs collègues en service leur ont bloqué l’accès à la place Beauvau à l'aide de barrages.

« Gros raz-le-bol »

La troupe s’est dispersée progressivement en deuxième partie de soirée, tandis que des représentants des trois syndicats de police devaient être reçus au ministère.

« Nous sommes ici pour défendre notre collègue injustement mis en examen, a expliqué à l’AFP un participant en civil. Il a agi en état de légitime défense face à un individu très connu des services de police sur lesquels il avait jeté une grenade, qui avait des armes de poing et qui était très dangereux. »

Nicolas Comte, secrétaire général du syndicat Unité police SGP-FO, a déclaré quant à lui qu'il n'y « a pas eu de mot d'ordre » appelant à manifester, juste un débordement « par la base », justifié par « un gros ras-le-bol des conditions de travail en Seine-Saint-Denis, un ras-le-bol de décisions parfois incompréhensibles du parquet ». Les forces de l’ordre sont régulièrement l’objet de violences et d'incivilités.

Grenade et revolver

Le policier mis en examen mercredi plus tôt dans la journée, 33 ans, plaide la légitime défense. Une argumentation secouée par l’autopsie et un témoignage allant dans le sens d’une mort par balle reçue dans le dos.

A ses débuts, l'enquête portait sur des « violences volontaires avec arme par une personne dépositaire de l'autorité publique ayant entraîné la mort sans intention de la donner ». Les charges finalement retenues sont beaucoup plus graves et font mention de l'intentionnalité du geste.

L'homme tué samedi soir était un multirécidiviste en fuite depuis juin 2010, armé mais n'ayant pas fait usage de son revolver. Il avait en revanche lancé une grenade s'étant révélée inoffensive, selon l'enquête.

« Travail difficile »

Interrogé sur l’affaire, le candidat socialiste à l’élection présidentielle, François Hollande, a proposé que les policiers inquiétés par la justice jouissent d’une protection administrative pour ne pas perdre leur salaire pendant une procédure.

« Je sais (que les agents) font un travail très difficile, notamment dans un certain nombre de quartiers dans nos villes, notamment en Seine-Saint-Denis, travail qui peut les conduire à se mettre eux-mêmes en danger lorsqu'ils poursuivent des malfaiteurs qui sont prêts à tout », a déclaré François Hollande sur France info.

Le candidat du PS devrait recevoir une délégation ce jeudi à 17 heures 30, à son QG de campagne. Nicolas Sarkozy les a déjà vu à la mairie de Raincy (Seine-Saint-Denis) jeudi midi. Le candidat de l'UMP s'est déclaré favorable à la « présomption de légitime défense » pour les policiers. Une proposition qui figure dans le programme de Marine Le Pen.

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