Bayrou votera Hollande au second tour

Pour la première fois dans l'histoire de la Veme République, un leader centriste se rallie à la gauche. Le candidat du MoDem, arrivé cinquième ( 9%) au premier tour, a annoncé jeudi qu'il votera pour François Hollande le 6 mai. Il a précisé  que ce n'était pas un appel, mais un soutien à titre personnel. Il ne donne pas de consigne de vote à ses électeurs. François Bayrou reproche à Nicolas Sakozy sa main tendue aux thèses du Front national. 

François Bayrou a fait un choix personnel, et ce choix se porte sur François Hollande. C'est donc pour le candidat socialiste qu'il votera le 6 mai. C'est clair, c'est ferme, mais ce n'est pas une consigne de vote. François Bayrou laisse les quelque trois millions d'électeurs qui ont voté pour lui, le 22 avril, libres de leur choix.

Pour lui, la diversité fait partie du code génétique du Mouvement démocrate. Néanmoins, cette décision personnelle est bien évidemment importante, marquante. Dans son entourage, on parle même de choix historique. Car c'est vrai, en 2007, François Bayrou  qui avait fait part de ses craintes cercernant Nicolas Sarkozy; il avait dit qu'il ne voterait pas pour lui.

En 2012, il franchit un cap. Au nom de la responsabilité, il choisit un camp, et dans sa décision, il affirme que les valeurs ont été prédominantes. Pour autant, il ne s'agit pas d'un ralliement pur et simple. François Bayrou a précisé qu'il ne deviendrait pas un homme de gauche. Centriste, il a voulu être, centriste il veut demeurer.

Il a aussi pris soin de rappeler ses critiques sur le programme économique proposé par François Hollande. Entre deux offres politiques et deux personnalités, François Bayrou a pris le parti, cette fois-ci, de trancher pour le choix du président.

Mais après, rien n'est décidé. François Bayrou a prévenu : si François Hollande s'en tient à son programme, une fois élu, s'il ne rectifie pas le tir, et ne réunit pas les conditions pour réaliser l'union nationale, il sera un opposant.

Une déclaration diversement appréciée

Ce choix met fin en tout cas à des décennies d'alliance naturelle entre le centre et la droite. Ministre à deux reprises, François Bayrou a toujours siégé dans des équipes dirigées par des hommes de droite.et dans le camp de la a majorité présidentielle, cette annonce a été très décriée dans les rangs de l'UMP.

C'est celle d'un « homme seul qui s'exprime », a commenté François Fillon, le Premier ministre. C'est à mettre sur le compte du « dépit personnel », a jugé Jean-François Copé secrétaire général de l'UMP. Le ministre des Affaires étrangères Alain Juppé a jugé parfaitement incohérente la prise de position du centriste.

A l'inverse, des autres partis centristes, le Nouveau centre, le patri radical et l'Alliance centriste, ont pris position, eux, pour Nicolas Sarkozy.

Les réactions sont bien plus enthousiastes dans le camp socialiste. Les responsables saluent au contraire un choix de valeurs. D'abord, François Hollande qui depuis Toulouse où il tenait son dernier meeting de campagne, a salué « le choix d'un homme libre indépendant », précisant qu'il n'y avait « aucune négociation », avec François Bayrou.

« C'est le choix de la République, de la démocratie et le choix d'une autre France plus juste », a lancé Martine Aubry, la patronne du PS. Ségolène Royal a salué « la prise d'indépendance » du centriste. Et le chef de file du Front de gauche, Jean-luc Mélenchon, estime que ce choix part d'un honnête sentiment républicain.

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