Nicolas Sarkozy s’oppose à la venue de deux religieux musulmans en France

Alors que l’émotion causée par les tueries de Toulouse et Montauban n’est pas encore retombée, Nicolas Sarkozy a déclaré lundi 26 mars qu’il s’opposait à la venue du religieux qatarien Youssef al-Qaradaoui qui devait participer à un rassemblement musulman au Bourget le 6 avril. Le salafiste égyptien Mahmoud al-Masri a également été déclaré persona non grata.

Barbe blanche, lunettes vissées sur le nez et coiffé d'un éternel turban, le cheikh Youssef Al Qaradaoui, est l'un des prédicateurs les plus influents du monde musulman. Président de l’Union internationale des oulémas musulmans, il est, à 86 ans, un personnage très respecté. Il doit aussi son immense popularité, à ses apparitions régulières sur la chaine de télévision Al Jazeera.

Mais en occident, il est controversé. Ses prises de positions sur le conflit israélo-palestinien lui ont valu les foudres d’un certains nombre de pays, Israël et les Etats-Unis en tête. En 2004, il justifie les attaques suicides menées par des Palestiniens contre des Israéliens, estimant que ces actes sont « commis au nom de Dieu » et sont « une forme de résistance à l’occupation ». La Grande-Bretagne lui refusera l’entrée sur son territoire en 2008, pour ses propos.

Appel au jihad contre Israël

En 2006, Youssef Al Qaradaoui va même plus loin. Selon le quotidien égyptien Al Masri Al Yom, le prédicateur lance un appel au jihad contre Israël, devant le Club des enseignants en Egypte, pour « libérer tout le territoire de l’islam (…) La nation islamique a besoin partout d’hommes comme ceux du Hezbollah : en Egypte, en Irak, en Jordanie, au Yémen et partout », aurait-il déclaré.

Toutefois, le cheikh ne va pas jusqu’à défendre les attaques terroristes partout où elles sont commises. Dans un entretien-portrait au journal Le Monde, le 31 aout 2004, il dénonce les attentats du 11 septembre 2001, et fustige le discours radical des salafistes.

Sur certains sujets de société, il adopte une position plutôt modérée. Même s’il se dit opposé à la loi sur le voile en France, il affirme, toujours dans Le Monde, que si une jeune fille doit choisir entre l’éducation et le voile, « qu’elle se couvre dans la rue et qu’elle enlève son voile en entrant dans l’école ».

Plutôt modéré par rapport à d’autres oulémas

Pour Mathieu Guidère, spécialiste de l’islam à l’Université de Toulouse II - Le Mirail, Youssef Al Qaradaoui n’est pas le dangereux extrémiste que Nicolas Sarkozy semble vouloir décrire. « Globalement on ne peut pas dire qu’il fait partie des extrémistes ni des oulémas les plus radicaux(…). Il est plutôt modéré si on le compare en tous cas à certains oulémas salafistes, notamment saoudiens ».

Plus récemment, Youssef Al Qaradaoui est davantage apparu comme un défenseur des révolutions arabes. Le 18 février 2011, il conduit la prière place Tahrir au Caire. L'Egypte est son pays d'origine qu'il a quitté au début des années 1960, après avoir été emprisonné pour ses liens avec les Frères musulmans.

Depuis cette époque, il vit au Qatar, pays dont il a pris la nationalité. Mais dans le Golfe, ses prises de positions peuvent aussi déplaire, pour d'autres raisons. Au début du mois de mars 2012, Youssef Al Qaradaoui critique ouvertement les dirigeants des Emirats Arabes Unis , qui ont retiré des titres de séjour à des opposants syriens. Les autorités menacent alors d'arrêter le religieux, provoquant un tollé chez ses partisans.

Moins réputé que son aîné, Mahmoud al-Masri est pour sa part un prédicateur salafiste basé au Caire où il anime une émission intitulée Une nuit dans la maison du Prophète sur la chaîne satellitaire islamiste Iqraa. Selon son site internet, il s'est déjà rendu en France par le passé pour y délivrer des discours et des sermons. Suite à la décision du chef de l’Etat français, cheikh Ali Kardaghi, le secrétaire général de l’Union des organisations islamiques de France (UOIF), a fait part de son étonnement. Il a également rappelé que son organisation avait condamné avec force l’agression terroriste de Toulouse contre l'école juive Ozar Hatorah, le 19 mars.

 

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