A Paris, une solution transitoire pour mettre fin aux prières de rue dans le 18e arrondissement

Mercredi 14 septembre 2011, les responsables de deux mosquées du 18e arrondissement, dans le nord de Paris, ont signé avec l’Etat un accord permettant de mettre fin aux prières de rue dans la capitale. Les fidèles pourront désormais occuper une ancienne caserne de pompiers, reconvertie en lieu de culte. Les prières de rue, dues à un manque de place dans les mosquées du quartier, avaient provoqué la polémique.

C’est une ancienne caserne de pompiers, située sur le boulevard Ney, dans le nord de Paris. A partir de ce vendredi 16 septembre, ce sera désormais une mosquée improvisée capable d’accueillir 2 700 fidèles. Mercredi, le recteur de la Grande Mosquée de Paris, Dalil Boubakeur, a annoncé qu’un accord avait été conclu entre les responsables de deux mosquées du 18e arrondissement et l’Etat pour utiliser le bâtiment pendant trois ans. Il sera loué 30 000 euros par an. A l’origine de la proposition, le ministre de l’Intérieur. Claude Guéant est bien déterminé à mettre ainsi fin aux prières de rue qui seront officiellement interdites dès ce vendredi. Il l'a réaffirmé dans une interview accordée au Figaro.

Trop petites, les deux mosquées du quartier ne pouvaient, en effet, plus accueillir les nombreux fidèles. Ceux-ci devaient donc se rassembler à l’extérieur des édifices et prier sur les trottoirs et la chaussée. L’extrême droite avait grondé. Des groupuscules avaient annoncé l’organisation d’un « apéro saucisson-pinard » en réaction à l'« l’islamisation de la France ». Marine Le Pen, la présidente du Front national, avait même parlé en décembre dernier d’« occupation », en référence à la Seconde Guerre mondiale. Après avoir condamné ces propos, le PS, par la voix de son porte-parole Benoît Hamon, avait à son tour déclaré que « ces situations ne sont pas tolérables beaucoup plus longtemps ».

La crainte d'un climat d'anarchie

Mais les aménagements pour faire de la caserne un nouveau lieu de culte ne sont pas encore terminés, et l’imam d’une des deux mosquées du quartier, le cheikh Mohamed Salah Hamza, craint « un climat d’anarchie ». « Les revendications des fidèles musulmans ne sont pas entièrement satisfaites », rapporte-t-il, évoquant la pose de moquette et l’installation d’une salle d’ablutions pour les femmes pas encore réalisée. Le temps d’utilisation du lieu provoque également le mécontentement des responsables musulmans. Alors qu’ils souhaiteraient que les fidèles y aient accès tous les jours, la préfecture de police ne les y autorise qu’à l’occasion de la prière du vendredi et des deux fêtes de l’Aïd.

Cette solution n’est cependant que transitoire. La construction d’un institut des cultures de l’islam doit être achevée en 2013. La Ville de Paris va investir 23 millions d’euros dans la partie culturelle et l’association culturelle musulmane, 7 millions dans la construction. En attendant, les prières de rue seront strictement interdites. Claude Guéant l’a assuré, sa « vigilance sera sans faille pour que la loi soit appliquée ». Si un début de solution au manque de place dans les mosquées semble avoir été trouvée à Paris, le ministre de l’Intérieur reconnaît que le problème demeure à Nice et Marseille.

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