C'est un changement de cap significatif que vient d'annoncer Alain Juppé. Jusqu'alors en effet, les gouvernements français qui s'étaient succédé avaient cultivé les bonnes relations avec les régimes autoritaires arabes, comme ceux de Ben Ali en Tunisie ou de Moubarak en Egypte, présentés comme le meilleur rempart contre l'islamisme au sud de la Méditerranée.
Certes, discrètement, des contacts pouvaient être noués ici ou là avec des mouvements se réclamant de l'islam politique, comme le Hezbollah libanais, mais ces contacts étaient rarement assumés en public. Le printemps arabe semble avoir remis en cause cette approche.
Contrairement à nombre de prédiction, les islamistes n'ont pas été à l'avant-garde des mouvements de contestation et n'ont pas imposé leurs slogans aux manifestants. Récemment, lors de son voyage en Egypte, Alain Juppé avait tenu à rencontrer des manifestants de la place Tahrir, parmi lesquels se trouvaient des Frères musulmans. A son retour, il avait déclaré avoir eu des échanges intéressants avec de jeunes Frères musulmans. Un premier signe d'une inflexion qu'il confirme donc ce samedi.