L'identification du suspect par le renseignement français
La Direction centrale du renseignement intérieur connaissait Mohamed Merah. C'est son voyage de deux mois au Pakistan, en 2011, qui a attiré le regard du renseignement français sur ce jeune Toulousain. Il a même été convoqué en novembre de la même année, pour s'expliquer sur ce séjour. Il prétexte un voyage à but touristique, montre des photos aux enquêteurs pour le prouver et à l'époque n'est pas inquiété. Mais la DCRI ne l'oublie pas pour autant. Au moment du premier meurtre de militaire, Mohamed Merah était en tête d'une liste de personnes à surveiller particulièrement dans la région Midi-Pyrénées.
L'arsenal de Mohamed Merah
Une autre question se pose, c'est celle de la manière dont Mohamed Merah al pu réunir un tel arsenal d'armes ? Et comment Abdelkader, son frère, a-t-il pu se procurer des explosifs, alors que lui aussi était surveillé par la DCRI. Ces deux questions n'ont toujours pas de réponse.
Un réseau pourrait l'avoir aidé, les avoir aidé. Cependant, dans ses conversations avec les agents du RAID, Mohamed Merah a affirmé avoir agi seul. C'est pourtant sur ce point précis que vont travailler les enquêteurs dans les jours à venir.
Après la traque, le rôle du RAID était de le capturer
Autre question, le RAID, unité d'élite de la police, avait pour mission d’arrêter le suspect des tueries de Montauban et Toulouse afin de le remettre à la justice. A-t-il failli avec la mort de Mohammed Merah ?
C'est la première intervention de la police, mercredi à trois heures du matin, qui suscite le plus d'interrogations. De fait, les policiers n'ont pas cette nuit-là atteint leur objectif initial : prendre Mohamed Merah par surprise dans son sommeil.
Sur leurs blogs plusieurs experts de la sécurité s'interrogent : pourquoi ne pas avoir attendu qu'il sorte ? «Entrer dans l'appartement était plus risqué pour les policiers, mais cela sauvegarde la population» rétorque Robert Paturel, un ancien du RAID. Mais il reconnaît que «les pressions des politiques pour obtenir un résultat rapide peuvent interférer sur la conduite des opérations.»
Des chercheurs réclament d'ailleurs la création d'une commission d'enquête parlementaire pour faire toute la lumière sur cette affaire.
Un assaut trop précoce ?
La durée de la fusillade de ce jeudi 22 mars -cinq éprouvantes minutes- suscite également des interrogations. Un assaut réussi est un assaut très rapide, et les hommes du RAID ont semble-t-il été surpris par la réaction de Mohamed Merah. «Il aurait peut être fallu attendre plus longtemps avant d'intervenir, pour être sûr qu'il soit épuisé» concède Robert Paturel. Et l'ancien membre du RAID de conclure «Il aurait été préférable de l'attraper vivant, car mort, il risque de passer pour un martyre et de susciter des vocations. Il n'y a pas de bonne stratégie, on choisit la moins mauvaise.»