L’homme le plus recherché de France a assuré aux policiers avec qui il échange depuis le milieu de la nuit qu’il avait mené l'opération meurtrière du 19 mars contre des enfants dans une école juive de Toulouse « pour venger les enfants palestiniens ». Mohamed Merah a aussi revendiqué la mort des trois parachutistes les 11 et 15 mars à Toulouse d’abord, puis à Montauban. Il a expliqué vouloir ainsi marquer son opposition aux interventions de l’armée française à l’étranger. Selon le président Nicolas Sarkozy, qui s’est rendu à Toulouse aujourd’hui, Mohamed Merah « avait déjà un plan pour tuer encore » dès ce mercredi matin.
Se présentant comme un moudjahid appartenant à al-Qaïda, le parcours de Mohamed Merah parmi les jihadistes a été révélé dans la matinée par le ministre français de l’Intérieur Claude Guéant. Sa radicalisation s'est faite « au sein d'un groupe d'idéologie salafiste, et s’est affermie, semble-t-il, lors de deux voyages, l'un en Afghanistan, l'autre au Pakistan », selon le ministère de l'Intérieur. Il a séjourné dans des zones de combat, selon une autre source proche de l'enquête, qui n'était pas cependant en mesure de confirmer s'il avait combattu aux côtés des talibans.
De retour à Toulouse, Merah trouve du travail dans un garage où il est carrossier. Le ministre de l’Intérieur assure qu’il était suivi depuis plusieurs années par la DCRI, les services du renseignement intérieur français.
Son frère, engagé comme lui dans la mouvance salafiste, a été arrêté ce mercredi matin à Toulouse comme le reste de sa famille immédiate. On a alors découvert dans la voiture de Mohamed comme dans celle de son frère, des armes et des explosifs. Sa mère dont les policiers du RAID espéraient qu’elle parvienne à convaincre Mohamed de se rendre, a déclaré cependant « n’avoir guère d’influence sur lui ».
Mise en garde
Les faits particulièrement graves qui sont reprochés à Mohamed Merah ont laissé sans voix son avocat, Me Christian Etelin, qui s’occupe de lui depuis 2004 ou 2005 alors qu’il était mineur et, encore récemment en février, pour une banale et ancienne affaire de conduite sans permis. L’avocat de Merah l’affirme, jamais il n’a imaginé une seule seconde que son client pouvait commettre de tels actes. Au courant de ses déplacements au Pakistan et en Afghanistan, Me Etelin avait mis en garde Mohamed Merah sur le fait qu’il devait être surveillé de près et qu’il devait pas conséquent veiller à ne pas commettre d’infractions.
Selon le ministère de la Défense, Mohamed Merah a tenté à deux reprises, sans succès, de s'engager dans l'armée, d'abord dans l'armée de Terre en 2008, puis deux ans plus tard dans la Légion étrangère. Il avait 19 ans et avait passé les évaluations, mais avait été recalé en raison de ses antécédents judiciaires. En 2010, il avait commencé à postuler à la Légion étrangère avant d'abandonner sans même passer les tests de sélection. En a-t-il conçu de la rancoeur ou de l’amertume, l’enquête qui ne fait que commencer, le dira peut-être.