« C’est une très jolie exposition, bien proportionnée, facile à visiter, recommandable ». « Dans cette simplification, il y a une très grande audace. » « Cela me donne beaucoup de joie. » Qu’ils connaissent ou pas l’œuvre de Henri Matisse, les visiteurs sont ravis. L’exposition est un régal pour les yeux et une réflexion stimulante sur le processus créatif de ce grand maître de la peinture moderne.
L’exposition montre comment Matisse travaillait, selon quelle méthode et à quel rythme.
Dès ses débuts, dans les années 1890, il considère la toile comme un champ d’expérimentations. Parfois, il pastiche Claude Monet ou Paul Cézanne. Parfois, il exécute plusieurs versions très dissemblables du même motif : femme nue, nature morte ou paysage de palmiers.
Matisse et la doute
« Jusqu’à la fin, remarque Cecile Debray commissaire de l’exposition, Matisse est pris par la doute, à travers de ces procédures, que sont les paires, l’utilisation de la photographie, des dessins préparatoires… Il y a constamment cette exigence absolue vis-à-vis de la peinture. » En effet, l’exposition donne le sentiment de voir Matisse travailler, hésiter, essayer, se tromper, recommencer, s’agacer et souvent trouver une solution éblouissante.
« Il est pris par deux choses : il y a l’idée de l’inspiration, et c’est presque une attitude romantique qui s’exprime, dans une première version – ce qu’il appelle ‘l’idée première’ – et en même temps il y a cette exigence d’approfondissement et de parachèvement formelle. C’est sans doute une des clés de lecture de ce phénomène de dualité. Il est en lutte pour arriver à réconcilier ces deux éléments de sa peinture. »
Bref, on voit bien en parcourant l’exposition que Matisse n’était pas un peintre, mais plusieurs. Peut-être ce qu’on appelle au fond un génie.
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Matisse, paires et séries, au Centre Pompidou à Paris, jusqu’au 18 juin.