« Gagnant-gagnant ». L’expression lui est chère mais c’est bien le pari qu’a fait Ségolène Royal en décidant, sans se retourner, de jeter toutes ses forces dans la bataille de la campagne présidentielle derrière François Hollande, le candidat socialiste pour 2012 qui fut son compagnon durant près de trente ans.
Loyauté et ardeur
Battue au deuxième tour par Nicolas Sarkozy en mai 2007 (53,06% contre 46,94%), coiffée sur le fil par Martine Aubry pour la direction du PS en novembre 2008 (102 voix d’écart), humiliée lors de la primaire socialiste d’octobre 2011 (seulement 7% des voix) et « zappée », selon ses propres termes, du clip d’entrée en campagne de François Hollande au Bourget le 22 janvier, la présidente de la région Poitou-Charentes a absorbé tous les chocs.
Se comparant dans Le Monde à « la voiture du futur qui se recharge en roulant », elle continue parce qu’elle a « un idéal » et qu’elle ne reste pas enfermée dans son « obsession présidentielle ». Et puis aussi, elle ne le nie pas, parce qu’elle se verrait bien, à 58 ans, présidente de l’Assemblée nationale en cas de victoire de la gauche aux législatives, scrutin programmé les 11 et 17 juin. En attendant, l’ancienne députée des Deux-Sèvres compte se battre « avec loyauté et ardeur » « en parlant clair avec pédagogie » pour faire gagner la gauche. « Je le dis sans amertume, on se rend compte à quel point l’unité c’est puissant », appuie-t-elle.
Désormais intégrée au dispositif, Ségolène Royal reste néanmoins, avec Arnaud Montebourg, la seule participante à la primaire du PS à ne pas figurer dans l’organigramme de l’équipe de campagne de François Hollande. Mais ce dernier a bien compris combien l’éloquence de ces deux-là pourrait lui servir à rameuter les troupes et à convaincre les indécis d’ici au 22 avril et, sans doute, au 6 mai. Forte de son expérience, la candidate de 2007 entend notamment gagner les cœurs des catégories populaires et des cités avec lesquels elle a « un lien particulier » qu’elle va « mettre au service de la mobilisation ».
« Elle va aussi taper sur le FN (ndlr : Front national) avec sa radicalité, sa capacité à conquérir les citoyens », enchaîne sa conseillère Françoise Degoix dans Libération. Mais c’est probablement à l’actuel locataire de l’Elysée qu’elle va réserver ses salves les plus percutantes. Même si elle se garde de tout excès de confiance, Ségolène Royal constate qu’envers Nicolas Sarkozy « le rejet est profond, du style, des contenus, de l’accumulation des promesses, de la désinvolture ». Selon elle, « il a perdu la main dans la gestion du temps », au point même qu'elle s'interroge : « Je ne sais pas s’il a bien fait de retarder sa candidature ».
Désirs d’avenir
Après avoir appelé, samedi 4 février, ses fidèles des comités Désirs d’avenir à se mobiliser pour la victoire de François Hollande, Ségolène Royal se rendra ce mardi 8 février à Marseille pour une réunion publique de soutien. Puis elle tiendra un meeting commun dans sa région avec Arnaud Montebourg à Châtellerault (Vienne) le 16 février, avant de participer, « à la demande de François », précise-t-elle, à ce qui devrait être l’avant-dernier meeting précédant le 1er tour, le 20 mars, à Rennes. Nul doute que, d’ici-là, elle aura retrouvé sa juste place dans le clip de campagne.