Finance : une vaste réforme bancaire
François Hollande en a fait l’un des moments forts de son discours. « Mon véritable adversaire n’a pas de nom, pas de visage, pas de parti, il ne présentera jamais sa candidature et pourtant il gouverne (…) c’est le monde de la finance. » La charge du candidat socialiste contre la mainmise du monde financier sur l’économie a surpris par sa virulence, mais aussi par l’ampleur des mesures citées par le candidat.
Première proposition, une réforme du système bancaire visant à la séparation des activités de crédit et « des opérations de spéculation », de manière à protéger l’épargne des Français. Les banques françaises devront en outre renoncer à toute présence dans les paradis fiscaux et se verront interdire, sans plus de précision sur ce point, le recours aux produits financiers qualifiés de « toxiques » par le candidat. Autres propositions : interdiction totale des stock-options, encadrement des bonus attribués aux traders et aux dirigeants d’entreprises, création d’une agence européenne de notation financière et mise en place d’une taxation sur les transactions financières au plan européen.
Réforme de la fiscalité, et retour à l’équilibre budgétaire en cinq ans
Face à la crise de la dette, François Hollande s’engage à un retour à l’équilibre budgétaire « avant la fin du mandat qui me sera confié ». Pour y parvenir le candidat table sur une maîtrise des dépenses publiques : « toute nouvelle dépense sera financée par des économies, le nombre total de fonctionnaires n’augmentera pas, mais il sera mis fin à la règle aveugle du non remplacement d’un fonctionnaire sur deux partant à la retraite ». François Hollande veut également dégager des recettes fiscales supplémentaires, à hauteur de trente milliards d’euros, en revenant « sur les cadeaux fiscaux accordés depuis une décennie aux ménages les plus aisés et aux plus grosses entreprises ».
Concrètement, le candidat socialiste veut plafonner à hauteur de 10 000 euros les abattements d’impôts auxquels a droit chaque contribuable, et créer une cinquième tranche de l’impôt sur le revenu, qui permettra de taxer à hauteur de 45% les rémunérations supérieures à 150 000 euros (contre 41% actuellement pour les revenus supérieurs à 72 000 euros).
Croissance et réindustrialisation
Pour sortir de la crise de la dette, François Hollande estime nécessaire de réduire les déficits, mais il veut parier, également, sur le retour de la croissance. Cependant, le projet esquissé par le candidat socialiste n’offre que peu de solutions concrètes – hormis un pacte européen de soutien économique, par une relance des grands travaux. Au niveau hexagonal, le chef de file de la gauche française ne propose, pour l’instant, qu’un plan de rénovation thermique pour le logement neuf et ancien (un million de logements en bénéficierait). François Hollande veut également favoriser l’offre de logements sociaux, en mettant à la disposition des communes les terrains dont dispose l’Etat, en multipliant par cinq les sanctions contre les villes ne respectant pas la législation sur les quotas de HLM, et en doublant le plafond du Livret A, qui passerait de 15 300 à 30 600 euros.
C’est en fait sur ses ambitions en matière de réindustrialisation, « priorité » de son mandat en cas d’élection, que François Hollande aura apporté le plus de précisions. Outre la création d’une « banque publique d’investissement » dédiée à l’industrie, le candidat socialiste veut mettre l’accent sur l’aide aux Petites et moyennes entreprises (PME) : élargissement du crédit impôt-recherche, baisse de l’impôt sur les sociétés, création d’une agence pour les PME… Des mesures relativement consensuelles, digne d’une politique de l’offre bien peu ancrée à gauche… Si François Hollande, pour faire bonne mesure, ne menaçait les entreprises qui délocaliseraient de les contraindre au remboursement des aides versées par les pouvoirs publics.
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