Le rapport de la Cour des comptes montre que les investissements publics et privés réalisés depuis le début dans la filière nucléaire, toutes dépenses confondues sont évaluées à 228 milliards d’euros. En revanche, elle n’a pas constaté d'oubli ; le recensement des différents types de coûts à la charge des exploitants ont bien tous été identifiés et figurent dans leurs comptes.
Incertitude sur coûts futurs du parc nucléaire
Si la Cour identifie bien les investissements de maintenance pour le futur du parc nucléaire, elle exprime plusieurs incertitudes liées aux coûts de gestion des déchets radioactifs ou de démantèlement des centrales. Cette incertitude ne peut être levée pour le moment faute d'avoir vécu l'expérience concrète du démantèlement ou de la mise en œuvre du stockage profond des déchets, estime la Cour. Exemple : la gestion à long terme des déchets radioactifs est estimée à 28,4 milliards. Mais la Cour souligne que cette estimation est fragile car le projet envisagé pour le stockage des déchets à vie longue, c'est-à-dire leur l’enfouissement en grande profondeur, n'est pas encore définitif.
Lourds investissements
Le parc nucléaire français est vieillissant et le maintenir en état de fonctionnement en respectant bien sûr les règles de sécurité, risque de coûter très cher. Sur ce point la Cour est précise. Selon elle, EDF, l’exploitant des 58 réacteurs que compte la France, devra corriger ses prévisions d’investissement. D’ici 2025, pour assurer le bon fonctionnement du parc nucléaire, l’entreprise public devra dépenser 3,7 milliards d’euros par an, soit le double du coût de l'entretien réalisé en 2010, souligne la Cour. Ces investissements feront augmenter le coût moyen de production de l’énergie de l’ordre de 10%. Mais le prix de l'électricité que nous payons, c'est le coût de la production (40% du prix), plus les frais du transport, plus les taxes etc. Au total, l'augmentation du coût de la production devrait à peine être ressentie par le consommateur.
La Cour invite donc les pouvoirs publics à trancher sur la question de la part du nucléaire dans l'électricité produite en France. Pour elle ne pas prendre de décision revient de facto à faire durer le parc actuel au-delà de 40 ans. Prolonger la durée de vie des centrales au-delà de 40 ans d'exploitation semble inévitable sauf à accepter des investissements difficilement réalisables ou une baisse de la consommation d'électricité. Vingt-deux des 58 réacteurs français, représentant environ 30% de la puissance nette du parc, atteindront leur quarantième année de fonctionnement d'ici à la fin 2022, a rappelé la Cour. Hasard du calendrier, le Commissariat à l'énergie atomique a publié ce mardi une étude qui montre qu'une sortie complète du nucléaire coûterait entre 530 et 772 milliards d'euros, soit environ le triple d'un maintien du nucléaire à son niveau actuel.
Du côté du gouvernement il y eu des réactions à ce sujet. Le Premier ministre François Fillon a indiqué que le gouvernement précisera ses choix sur la durée de fonctionnement des centrales nucléaires ou la construction de nouveaux réacteurs, dans le cadre d'un programme d'investissements... Un programme élaboré à partir de l'été 2012, c'est-à-dire après les échéances électorales du printemps.