On avait connu le président « protecteur des Français », l'intervention télévisée le place désormais au « président courage » face à la crise.
Celui, qui, à la veille de la présidentielle, n'hésite pas à prendre des mesures impopulaires, d'ores et déjà combattues par les syndicats comme la fin réelle des 35 heures qui implique de nouveaux accords d'entreprise ou bien encore un relèvement de la TVA à 21,2% en octobre prochain. Objectif, a martelé le président : retrouver de la croissance et lutter contre la hausse du chômage.
Nicolas Sarkozy est engagé dans une stratégie périlleuse : celle du médecin qui fait avaler une potion amère aux Français pour leur bien. En espérant, bien entendu, que ces derniers lui seront reconnaissants d'avoir eu le courage d'agir pour sauver le pays de la crise.
Ces initiatives lui permettront-elles pour autant de reconquérir l'opinion publique ? On le saura très vite. Mais, de fait, face à la dynamique, pour l'heure gagnante, de son rival socialiste François Hollande, toujours grand favori des sondages, le président-candidat n'avait, semble-t-il, pas d'autres choix que celui de l'action et des réformes de « choc ». Il joue ainsi son va-tout, à moins de 90 jours du 1er tour. Ça passe ou ça casse.
« Seuls les Français décideront », a-t-il d'ailleurs souligné hier soir, en précisant « c'est stop ou encore ».
Nicolas Sarkozy président jusqu'au bout mais également de plus en plus candidat. Il ne manquait vraiment pas grand-chose dimanche soir pour que le président déclare sa candidature.
Après avoir truffé tout son discours de piques contre François Hollande sans le nommer, mais en dénoncant un « climat de démagogie » ou bien « l'arrogance déplacée de certains » Nicolas Sarkozy a finalement conclu sur cette phrase qui sonne comme une véritable déclaration : « J'ai un rendez-vous avec les Français, je ne me déroberai pas ».
Réponse au plus tard le 16 mars, a précisé le président date butoir pour déposer sa candidature devant le Conseil constitutionnel.
À moins que d'ici là, si son dévissage dans les sondages devait se poursuivre, il ne décide de modifier son calendrier.
« Courage » pour la droite, « affolement » selon la gauche
La majorité a salué le courage du chef de l'Etat. « Le président de la République a montré ce soir, en annonçant des mesures fortes, sa détermination à agir au service des Français », a résumé le Premier ministre François Fillon.
En face, la gauche tire à boulets rouges ce lundi matin et déplore les « effets d'annonce. Ces mesures ficelées à la hâte, prises à deux mois de la fin de son quinquennat, sont le signe de l'affolement d'un président aux abois », a commenté François Rebsamen, président du groupe socialiste au Sénat.
Pour Robert Rochefort, député européen du MoDem, le président était « au casino, et remettait sur la mise. D'une certaine façon, il a dit aux Français "je remets tout en jeu". Mais aucune de ces propositions, balancées à la va-vite, ne seront en application car on ne peut pas bâcler ces choses-là. »
Même jeu, même bluff pour le Front national : Marine Le Pen pointe « un coup de poker » de Nicolas Sarkozy.
Pour le Front de gauche, Jean-Luc Mélenchon dénonce le « troisième plan d'austérité » du chef de l'Etat. « Standard and Poor's a été obéie. Cela va saigner. La ponction annoncée pour servir la finance sera supportée à 85% par les ménages. »