C'est une enquête dont l'armée française ne veut pas. Mais les plaignants, parents et épouses des soldats du 8e RPIMA de Castres sont tenaces. En novembre 2009, ils déposent une première plainte pour mise en danger délibérée. Une plainte rapidement classée sans suite, la justice estimant qu'envoyer des hommes au combat ne saurait constituer un acte de mise en danger de la vie d'autrui. Gilbert Collard, l'avocat des familles, pointe cependant les fautes du commandement à Uzbin : pas de reconnaissance aérienne, le peu de munitions et l'absence de mortier empêchant tout appui feu : « C'est une chose d'aller au combat, c'en est une autre d'y aller sans aucun moyen de s'en tirer. Quand une opération de revêt aucun caractère d'urgence, pourquoi l'ordonner alors que les hommes ne sont pas en situation de pouvoir se défendre. »
En 2010, les familles de victimes déposent une nouvelle plainte pour non empêchement de crime. Mars 2011, première satisfaction : un juge d'instruction estime qu'une enquête doit être ouverte. Il s'appuie pour cela sur un article du code de justice militaire qui stipule que si la mission a été manquée par négligence, le coupabe peut être poursuivi. Mais le procureur a une nouvelle fois fait appel de cette décision. Joël Lepahun a perdu son fils à Uzbin : « Pour Uzbin, ce sont des erreurs multiples qui ont été commises. Chacun s'assume : que le gouvernement s'assume, que l'armée s'assume et que les quelques officiers qui salissent aujourd'hui l'uniforme puissent être sanctionnés. »
La cour d'appel laissera t-elle un juge enquêter sur Uzbin ? Ce serait le cauchemar de l'armée française, qui ne veut pas rendre des comptes sur ses missions, surtout dans le cadre d'un conflit.