Envoyé au front par Nicolas Sarkozy pour être le premier contradicteur du candidat socialiste François Hollande dans la campagne, le ministre des Affaires étrangères Alain Juppé s’est efforcé de décrédibiliser le programme dévoilé le jour même par celui qui caracole toujours en tête des intentions de vote au premier tour de la présidentielle. Sur le plateau de l’émission de France 2 Des paroles et des actes, le numéro 2 de l’actuel gouvernement a d’ailleurs plusieurs fois qualifié François Hollande d’ « arrogant » et de « trop sûr de lui », lui rappelant en toute fin de débat que « le favori du mois de janvier n’a jamais été élu ».
Du tac au tac
Premier à ouvrir le feu, Alain Juppé a critiqué le bilan « caricatural » que François Hollande a fait du quinquennat de Nicolas Sarkozy, lui rappelant que « depuis 1981 aucun budget n'a été présenté en équilibre ». La réponse du candidat socialiste a été cinglante, soulignant pour sa part que « la dette publique a doublé depuis 2002 », dix ans durant lesquels se sont succédé des gouvernements de droite qui ont fait, selon ses termes, des choix « injustes, inefficaces et incohérents ».
Décidé à démonter point par point le programme de François Hollande, Alain Juppé s’est montré combatif mais n’a jamais réellement pu prendre en défaut son interlocuteur, sauf quand il a réussi à lui faire prononcer le nom de Nicolas Sarkozy, ce que le candidat du PS s’était jusqu’alors refusé à faire depuis le coup d’envoi de sa campagne. Se répondant souvent du tac au tac et s’interrompant parfois l’un l’autre au milieu d’une avalanche de chiffres, les deux hommes n’ont rien concédé.
« Votre compte n’est pas bon », « le compte n’y est pas » a asséné Alain Juppé, pas de quoi désarçonner un François Hollande qui trouva toujours la parade et signa quelques petites phrases comme « je ne suis pas dans la rétrospective, je suis dans la perspective ». Jamais avare d’un trait d’humour – même s’il s’efforce de dominer sa nature – le candidat du PS a sauté sur l’occasion lorsque l’ancien Premier ministre de Jacques Chirac a lancé : « Je ne suis ni président, ni candidat ». « Ne perdez pas espoir », rétorqua aussitôt François Hollande, une pique autant destinée à son adversaire d’un soir qu’au président sortant, dont la cote de popularité est de très loin inférieure à celle du locataire du Quai d’Orsay.