Claude Guéant affiche une baisse de la délinquance en France

A moins de 100 jours de la présidentielle en France, c’est au tour de Claude Guéant, le ministre de l’Intérieur, de présenter son premier bilan de la lutte contre la délinquance. On peut retenir un recul global de 0,34% des crimes et délits de même qu’une baisse de 1,7% pour ce qui concerne les atteintes aux biens. Se félicitant que la délinquance soit « en baisse pour la neuvième année consécutive », M. Guéant n’a pas convaincu tout le monde et notamment le socialiste François Rebsamen qui parle de « maquillage ».

Le ministre de l’Intérieur, proche parmi les proches de Nicolas Sarkozy, a sacrifié à l’exercice annuel qui consiste à montrer que la police est bien là et qu’elle protège les Français. Ainsi se félicite-t-il d’une « baisse de la délinquance en France et cela, pour la neuvième année consécutive ». Simple coïncidence certainement mais ces neuf années ont pour point de départ l’arrivée au ministère de l’Intérieur, du prestigieux prédécesseur de M. Guéant, Nicolas Sarkozy…

Le bilan est donc globalement positif, -0,34% de crimes et délits commis en 2011, selon les données fournies par la police et la gendarmerie. Le ministre a souligné notamment la baisse des atteintes aux biens (-1,71%). Dans cette catégorie, on vole moins par exemple de véhicules à moteur (-7,1%) et les violences qui accompagnent ces vols sont aussi en léger recul (-0,1%). Les vols à main armée comme les destructions de véhicules privés ou les incendies de biens privés et de voitures sont aussi en baisse respectivement de 19%, 13% et 7,5%.

Coupables désignés

Les motifs de satisfaction s’arrêtent là. Le reste des indicateurs est à la hausse et notamment, le nombre de cambriolages des habitations principales qui a grimpé de 17% en 2011. Pour M. Guéant, il n’y a pas grand mystère là-dessous. Cette augmentation est tout simplement « due à un phénomène nouveau qu’il serait, selon lui, très difficile de combattre puis qu’il est le fait de véritables raids menés par des personnes originaires d’Europe centrale et orientale ». « C’est très difficile à combattre parce que ce sont des gens qui passent d’un pays à l’autre très rapidement », a ainsi expliqué le ministre.

Autre point noir de l’état de la sécurité en France, les violences contre les personnes qui, elles, augmentent de 0,1%. C’est dans le détail que les chiffres prennent tout leur sens avec, par exemple, une augmentation de 11,5% des homicides et tentatives et de 4% des violences sexuelles sur les majeurs. M. Guéant s’est davantage attardé sur les violences, mauvais traitements et abandons d’enfants qui ont crû de 5% en un an, un phénomène auquel le gouvernement va s’attaquer en 2012 a déclaré le ministre de l’Intérieur.

Trompe-l’œil et maquillage

Cette cascade de chiffres n’a pas manqué de faire réagir François Rebsamen, le conseiller pour les questions de sécurité du candidat socialiste François Hollande, pour qui Claude Guéant « s’est encore livré à un exercice de maquillage des faits de délinquance », taclant au passage un bilan en « trompe-l’œil ». A propos par exemple de certains actes de vandalisme contre les véhicules ou les biens, ou les vols de téléphones portables, M. Rebsamen remarque qu’ils ne font plus l’objet d’une plainte mais d’une simple main courante et qu’ainsi ils ne sont plus comptabilisés dans les fameuses statistiques de M. Guéant.

Pour Eva Joly candidate EELV (Europe Ecologie-Les Verts) à l’Elysée, « plus personne n’est dupe de cette avalanche de chiffres, où la petite délinquance est mélangée avec le grand banditisme ». Cela « relève d’une communication déconnectée de la réalité du terrain », a-t-elle regretté. De son côté, la candidate à la présidentielle du Front national, Marine Le Pen, a fustigé le bilan du ministre de l’Intérieur dans des termes curieusement voisins de ceux d’Eva Joly : « Les Français ne sont plus dupes et n'accordent plus le moindre crédit à ces exercices de communication mensongers ». 

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