En 2011, le cinéma français continue de faire écran à la crise

Grâce à Intouchables, La guerre est déclarée ou encore Polisse, le cinéma français a réalisé une excellente année 2011, avec plus de 200 millions d’entrées dans l’Hexagone. A l’extérieur, le succès en cours de The Artist pourrait aussi lui permettre de briller. Un succès qui devrait se poursuivre en 2012.

La fréquentation des salles de cinéma ne connait pas la crise. L'année 2011 est un millésime exceptionnel : le Centre National de la Cinématographie (CNC) table sur 210 millions de tickets vendus. C'est la quatrième année de hausse consécutive.

« On revient aux records des années 60 ! », s'exclame Eric Garandeau, le directeur du CNC, en partie grâce à l'effet de souffle du film Intouchables, des réalisateurs Eric Toledano et Olivier Nakache, actuellement sur les écrans. Deux tiers des français sont allés au cinéma cette année et le public se rajeunit, les 16 -19 ans sont 95% à avoir vu un film en 2011 attirés par l'effet 3D.

Intouchables, le succès de l'année

Depuis sa sortie il y a bientôt deux mois, déjà seize millions de spectateurs ont vu l'histoire de cet homme tétraplégique et de son garde malade, interprétés par François Cluzet et Omar Sy. Le film devrait se hisser dans le top 3 des films les plus vus en France (avec Titanic, film américain de James Cameron et Bienvenue chez les Ch'tis, comédie française de Dany Boon). Mais la particularité de cette année, c'est qu'Intouchables n'est pas le seul film français à avoir très bien fonctionné.

Des films comme Polisse de Maïwenn, The Artist de Michel Hazanavicius, oeuvre muette en noir et blanc devenue millionnaire en nombre d'entrées, ou encore La guerre est déclarée de Valérie Donzelli, sont des longs-métrages audacieux qui ont su allier succès critique et public. Le cinéma français remporte cette année 40% de parts de marché.

Ce succès ne s’explique pas uniquement par l'effet crise, même si le cinéma reste le loisir culturel le moins cher. La qualité, la vitalité et l'abondance de l'offre sont à l’origine du bon cru de 2011, explique Antoine Cabot, directeur de l'UGC Ciné Cité les Halles, le plus grand cinéma d'Europe

Une vitalité qui franchit les frontières

En 2011, les films français ont attiré 60 millions de spectateurs à l'étranger, avec des films de production française mais.... de langue anglaise (Sans identité, Colombiana ou Les trois mousquetaires). Régine Hatchondo, la directrice générale d'Unifrance, l'organisme chargé de promouvoir le cinéma français à l'étranger, attend donc beaucoup de l'année 2012, même si la situation du cinéma français à l'export est paradoxale. « Nous misons sur The Artist qui a démarré une belle carrière aux États-Unis, déjà six fois nommé aux Golden Globes, et dont on attend également les nominations aux Oscars. Nous tablons aussi sur La délicatesse, film de Stéphane Foenkinos adapté du roman de son frère David ou encore sur Astérix 4 », explique-t-elle. Avant de nuancer : « nous sommes la deuxième cinématographie à s'exporter dans le monde. Mais nous atteignons 2,5 à 3% de parts de marché par an, contre 86 à 90 % pour le cinéma américain.... ».

2012, une promesse à tenir

Le miracle pourrait se reproduire l'an prochain car le nombre des films produits ne faiblira pas. Et certaines grosses productions sont programmées pour rencontrer un large public, comme Clo-Clo la biographie du chanteur Claude François, ou encore l'adaptation par le réalisateur Alain Chabat d'un l'animal mythique de la bande dessinée, Le Marsupilami.

Cependant, si on parle de la bonne santé du cinéma français, en cette fin d'année, c'est la liquidation judiciaire d'industries techniques qui inquiète le milieu du septième art. Le processus de numérisation des salles a entrainé une baisse drastique des activités photochimiques. Le groupe Quinta, détenu à 83% par l'homme d'affaire franco-tunisien Tarak Ben Ammar et qui assurait tous les travaux de finition des films, vient de faire faire faillite. Résultat : la sortie de tous les films actuellement en postproduction est menacée. Une soixantaine de films serait en péril, dont justement Astérix 4, pour lesquels il faut trouver une solution pour sauvegarder les travaux en cours.

Les industriels de cinéma ont tiré la sonnette d'alarme. Eric Garandeau précise que six films sont déjà tirés d'affaire et demande au liquidateur et au groupe Quinta de traiter en priorité les cas de ceux dont la sortie est prochainement annoncée. Une nouvelle réunion sur ce sujet est prévue au CNC le 9 janvier.

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