« Polisse » ou Maïwenn en surchauffe émotionnelle

Polisse sort ce 19 octobre en salles. C'est certainement le film le plus survendu du Festival de Cannes. Ce polar français ressemble en grande partie à une adaptation de la série Plus belle la vie pour le cinéma. Néanmoins, la réalisatrice a reçu le Prix spécial du jury. A 35 ans, Maïwenn se trouve ainsi avec son troisième long métrage dans la cour des grands. En surchauffe émotionnelle permanente, elle montre des policiers et policières qui sauvent des enfants, cassent les façades, mais brisent souvent aussi leur propre vie de famille.

« C’est toi qui a fait des bêtises ou ton papa ? ». La réponse vient d’une fille toute mignonne qui a 4 ans : « C’est papa. Il m’a gratté les fesses sous mon pantalon. » Bienvenue à la brigade de protection des mineurs (BPM). Pédophilie, inceste, abandon rythment la vie quotidienne de ces hommes et femmes. Malgré le contexte terrible, on s’amuse beaucoup, pourvu qu’on soit Français et que l'on perçoive la finesse du casting : le rappeur Joey Starr joue le capitaine Fred, un policier engagé qui engueule des filles banlieusardes et le chef de la brigade, trop cynique à ses yeux. Le bad boy Nicolas Duvauchelle interprète un flic intello, branché sur les croissants bio. Maïwenn se plaît dans le rôle de la photographe libertaire Melissa, mandatée par le ministère de l’Intérieur pour réaliser un livre de photos sur cette brigade. En plus, il y a Karine Viard, Sandrine Kiberlain et Marina Foïs. Au début, difficile de s’imaginer dans un commissariat paumé : on est plutôt dans un chapitre du Who's Who en France.

Capitaine Fred à fleur de peau 

C’est avec Melissa qu’on fait le tour de cet étrange univers où les policiers traquent les pédophiles, se dressent en Robin des Bois pour mineurs et cherchent des places d’accueil pour enfants maltraités. Un milieu curieux, car pendant qu’ils poursuivent leurs idéaux, avec le gyrophare sur le toit de la voiture et le pistolet à la main, chez eux, à la maison, ils galèrent avec leur femme ou mari chéris respectifs. Un sur deux divorce. Sans parler de leur pénible impuissance envers leur hiérarchie. Comme Joey Starr, alias capitaine Fred à fleur de peau, qui n’arrive pas à trouver un simple foyer pour une femme SDF et son fils. Fred déclare forfait, les cris du petit lui arrachent le cœur, mais il envoie le garçon seul, sans sa mère, au foyer.

Vous l’avez compris, beaucoup de romantisme social et une description en filigrane de la psychologie des policiers à la BPM. Par contre, on se demande pourquoi une fiction à la place d’un documentaire, parce que les faits relatés sont réels, les problèmes de la pédophilie connue. Les scènes où Joey Starr pique une crise sont bien amusantes, comme son affaire amoureuse avec Maïwenn, mais ils ne rajoutent pas grande chose au sujet du film qui ressemble souvent plus à un très bon feuilleton télévisé. 
 

 

Partager :