Chômage partiel, flexibilité: les dernières cartouches du gouvernement Fillon pour contrer la montée du chômage

Avec 30 000 demandeurs d’emploi de plus en novembre 2011, la France a subi une nouvelle flambée du chômage. Pour tenter d’y remédier, le gouvernement de François Fillon compte sur le chômage partiel et la flexibilité au sein des entreprises. Des remèdes largement insuffisants aux yeux des syndicats, qui dénoncent l’inaction et l’impuissance de l’exécutif en matière d’emploi.

Des chiffres désastreux. A quelques mois de l’élection présidentielle en France, les statistiques du chômage en France pour le mois de novembre témoignent d’une nouvelle dégradation sur le front de l’emploi. L’embellie du premier semestre 2011 (quatre mois de baisse consécutifs) a fait long feu. En novembre, le nombre de chômeurs a augmenté de 1,1%, faisant passer à 2 844 000 le nombre de demandeurs d’emploi de la catégorie A (n’ayant exercé aucune activité), un niveau jamais atteint depuis 1999. Si l’on prend en compte l’ensemble des demandeurs d’emploi (y compris ceux ayant exercé une activité réduite), le résultat est encore plus préoccupant : une hausse de 5% sur l’année, et plus de 4 200 000 chômeurs.

Facteur aggravant, ce ne sont plus seulement les emplois intérimaires et précaires qui sont touchés par la crise : désormais, les CDI sont gagnés à leur tour, avec une flambée des licenciements économiques (+11%, 14 000 personnes). Les actifs français sont en train de payer un très lourd tribut à la crise économique, et la tendance risque de s’aggraver durant le premier semestre 2012. D’après l’OCDE et l’Insee, la barre des 10% de chômeurs devrait ainsi être franchie dans le courant de l’année prochaine, alors même que le gouvernement de François Fillon s’était fixé comme objectif, au début 2011, de repasser sous la barre des 9%.

Marge de manœuvre réduite

La flambée du chômage était certes attendue, dans un contexte de crise financière et alors que la récession menace de s’étendre à l’ensemble de la zone euro. Mais elle tombe au pire moment pour le gouvernement français, et surtout pour Nicolas Sarkozy, qui devrait confirmer en février prochain son intention de briguer un second mandat lors de l’élection présidentielle de 2012.

Le président français sait que l’emploi sera l’une des clés de ce scrutin, et il aura besoin d’un bilan un peu moins désastreux en la matière pour espérer l’emporter au printemps prochain. Or, l’exécutif ne dispose que d’une marge de manœuvre réduite faute de moyens budgétaires, la France s’étant engagée dans une politique d’austérité visant à rassurer marchés financiers et agences de notation. Pour Xavier Bertrand, le ministre du Travail, des solutions « rapides » peuvent cependant être trouvées, et ce dès le sommet social du 18 janvier qui sera organisé à l’Elysée en présence des partenaires sociaux.

« Une fausse solution »

Parmi les pistes évoquées pour tenter d’enrayer la hausse du chômage, deux propositions semblent devoir s’imposer à l’agenda de ce sommet du 18 janvier. Première idée, faciliter le recours au chômage partiel. Ce dispositif, très utilisé notamment en Allemagne, permet à un employeur de réduire son activité tout en continuant à rémunérer partiellement ses employés, avec l’aide financière de l’Etat. Selon l’OCDE, le chômage partiel a permis de sauver 18 000 emplois en France en 2010, contre 221 000 en Allemagne sur la même période.

Deuxième axe de réflexion, beaucoup plus controversé : les « pactes compétitivité-emploi » qui seraient négociables au sein même des entreprises. Selon Xavier Bertrand, il s’agirait pour les entreprises de s’engager sur le maintien de l’emploi en échange d’une plus grande souplesse de la part des salariés en matière d’horaires. Le gouvernement parviendra-t-il à convaincre les partenaires sociaux de s’engager dans cette voie ? Pour le moment, les syndicats paraissent plus que réservés. Pour Jean-Claude Mailly, secrétaire général de Force ouvrière, « cette solution n’en est pas une et relève de schémas usés du libéralisme ». Comme Force ouvrière, la CGT et la CFDT mettent en avant une autre proposition pour enrayer la hausse du chômage : revenir sur la défiscalisation des heures supplémentaires. Mais ce serait là remettre en cause l’une des dernières promesses de Nicolas Sarkozy, lors de la campagne électorale de 2007.


Pour en savoir plus

Consulter les chiffres de l’emploi en France au mois de novembre 2011.

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