En France, 3 millions de femmes sont victimes de violences chaque année

En 2010, 146 femmes sont mortes sous les coups de leur compagnon. 75 000 ont été victimes de viols. Blessures, stress post traumatiques, tentatives de suicides, arrêts de travail se comptent par milliers. Pour lutter contre ce fléau et à l’occasion de la journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, Roselyne Bachelot, ministre des Solidarités et de la Cohésion sociale, a lancé un nouveau plan de défense de femmes.

Ce plan pour les années 2011-2013 s’inscrit dans les actions menées par le gouvernement depuis 2005, mais il veut aller plus loin en abordant les questions nouvelles : les violences intrafamiliales, les mariages forcés, la polygamie et les mutilations sexuelles. Pour la première fois, il dénonce les violences sexistes et sexuelles au travail ainsi que le recours à la prostitution.

« Violence faite aux femmes est un crime »

« Non, les violences faites aux femmes ne relèvent pas de faits divers. Les violences faites aux femmes sont des faits majeurs, parce qu’elles constituent des crimes », a affirmé avec force Roselyne Bachelot, en lançant le troisième plan interministériel, qui sera doté de 31,6 millions d’euros sur trois ans (30% de plus par rapport au plan précédent) et qui aura plusieurs axes.

Il s’agira d’abord de mieux informer l’opinion publique et l’ensemble des professionnels qui sont en charge de la lutte contre les violences faites aux femmes : magistrats, médecins, gendarmes, personnels des consulats et des états civils. Madame Bachelot propose aussi une meilleure prise en charge des femmes violentées, en particulier la création de lieux d’accueil supplémentaires.

« Oser en parler » au 3919

Une grande campagne d’information sur les violences conjugales, les viols et les agressions sexuelles constitue le premier volet de ce plan. Le slogan de la campagne « oser en parler » encourage les femmes battues et humiliées à sortir du silence. « La libération de la parole, souligne Marie-Anne Montchamp, secrétaire auprès de la ministre des Solidarités et de la Cohésion sociale, est le moyen le plus efficace dans la lutte contre les violences domestiques. »

Toutes les femmes victimes de violences peuvent téléphoner de façon gratuite et anonyme au numéro 3919 où elles seront conseillées et aidées. « Ce numéro qui fonctionne depuis 2007 et qui enregistre 50 000 appels par an, dit encore Marie-Anne Montchamp, doit devenir un numéro de référence partout en France, il doit être aussi connu que celui de la police ou de Samu. »

S’informer sur internet

La campagne d’information lancée par le ministère des Solidarités et de la Cohésion sociale est déclinée en version presse et internet. Elle propose deux témoignages de femmes qui s’en sont sorties grâce au numéro 3919. Un site spécial a été aussi créé : www.stop-violences-femmes.gouv.fr, où les femmes pourront rechercher les ressources pour essayer de briser leur enfermement et se renseigner sur les recours possibles.

Qui est l’homme qui agresse, viole, humilie, tue ?

Parallèlement à la campagne ministérielle, la Fédération nationale Solidarité Femmes lance une autre campagne de sensibilisation, imaginée cette fois-ci par les hommes. Son thème : « Ce pourrait être chacun d’entre nous ».

« Il n’y a pas de profil type d’homme qui recourt à la violence contre sa femme, sa compagne, sa fille ou sa sœur », rappelle Françoise Brié, vice-présidente de la fédération. « C’est Monsieur Tout-le-monde. Il a toujours deux visages et son visage public est sympathique, terriblement banal et quasi insoupçonnable. »

Selon les statistiques établies par les écoutants du 3919, la grande majorité des auteurs de violences ont un emploi (66%) ,17% sont au chômage et 12% sont retraités. Contrairement aux idées reçues, les ouvriers (11%) sont moins représentés que les chefs d’entreprise (15%). Près de la moitié sont des employés et 20% des cadres. L’homme – bourreau du foyer – ne titube pas et n’a pas l’air ravagé. La consommation d’alcool et de drogues n’est jamais la cause du passage à l’acte, bien qu’elle puisse être son déclencheur ou l’accélérateur des coups.

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