On s’en doutait un peu, la taxe sur les sodas et les autres mesures bricolées à la fin de l’été n’auront pas suffi. C’est le deuxième plan de rigueur en trois mois, le troisième en dix-huit mois, rendu obligatoire par des prévisions de croissance irréalistes. Et parce qu’il faut à tout prix sauver le triple A de la France.
Nicolas Sarkozy ne veut pas être le président qui fera perdre à la France son triple A. Alors il a laissé à son Premier ministre le soin d'annoncer les mauvaises nouvelles. Pas question de se déjuger publiquement, Nicolas Sarkozy avait juré qu'il ne serait pas le président de la hausse des impôts. Et pourtant, ce plan de rigueur, c'est d'abord des impôts en plus (à 70%), et seulement 30% d'économies dans les dépenses de l'Etat.
François Fillon a donc enterré hier le sarkozysme, dans la dernière année du quinquennat, à une exception près : on préserve le « travailler plus pour gagner plus », les heures supplémentaires défiscalisées. Inefficaces, pourtant, selon la cour des Comptes, et qui coûte quatre milliards d’euros par an.
Et la potion s’annonce amère, alors François Fillon, le Premier ministre, a ressorti son mot favori, « faillite ». Le modèle français serait menacé. On dramatise pour légitimer « les efforts » demandés aux Français. Tous les Français ? Eh bien non, s'indigne l'opposition.
Nouveau bricolage pour l'opposition
François Hollande dénonce un plan incohérent, injuste et inconséquent. Les plus modestes sont mis à contribution, notamment par le relèvement de la TVA, un contresens économique disait pourtant François Fillon il y a moins de trois semaines.
On ne touche pas en revanche au bouclier fiscal et l'impôt sur la fortune va baisser. Jusqu'à quand ? Plusieurs socialistes en sont persuadés : un nouveau plan de rigueur sera nécessaire. Ce ne serait que le quatrième.
Bref, la rigueur, on va en entendre parler jusqu'à la présidentielle. Nicolas Sarkozy et François Hollande vont chacun devoir gérer leurs propres contradictions. François Hollande : à la course à la rigueur, il risque d'épuiser son « rêve français ». Et puis Nicolas Sarkozy va chercher à incarner ce capitaine capable d'affronter la tempête des marchés, alors que sa politique fiscale en faveur des plus riches a coûté 75 milliards d'euros au pays.