« Le temps est venu d’ajuster les efforts de la France ». C’est avec ces mots que François Fillon -à la sortie d’un Conseil des ministres exceptionnellement décalé au lundi pour cause de G20- a annoncé un nouveau train de coupes budgétaires dans les finances de l’Etat. L’objectif affiché est d’arriver à l’équilibre en 2016. Et pour cela, il faudra à cette date avoir trouvé près de 100 milliards d’euros, selon le Premier ministre.
C’est la deuxième cure d’austérité en trois mois, que le chef du gouvernement justifie : « le mot de faillite n’est plus un mot abstrait ». Car ce plan a aussi pour but de rasssurer les marchés financiers et d'amadouer les agences de notations. Les rumeurs de dégradation du triple A français vont bon train depuis trois semaines.
Pour le court terme (2012-2013), l’exécutif cherche donc 18,6 milliards... quitte à revenir sur une promesse phare du candidat Sarkozy en 2007. Ainsi la TVA à 5,5% n’aura été, pour certains, que passager. Un relèvement à 7% du taux réduit est prévu dès l’année prochaine, sauf pour les produits de premières nécessités, avec l’espoir d’économiser un milliard d’euros.
Plus vite vers la retraite à 62 ans
Mais pour François Fillon, plus de rigueur passe d’abord par une accélération des réformes engagées depuis 2007. Ainsi, le terme de la période de transition portant l’âge de départ à la retraite à 62 ans, prévu pour 2018 sera ramené à 2017. Dans le même esprit, le Premier ministre espère économiser près de 700 millions d’euros par la maîtrise des dépenses de santé, dont la progression sera ramenée à 2,5% (au lieu de 2,8%).
La réduction des niches fiscales, elle, se poursuit. Le dispositif Scellier, permettant un rabais fiscal important pour les Français investissant dans le neuf, sera tout simplement supprimé. Le prêt à taux zéro sera « recentré ». Quant au crédit d’impôt développement durable, il subira un nouveau coup de rabot de 20%.
Les bénéficiaires de prestations sociales ne seront pas épargnés : en dehors des minima sociaux et de revenus de remplacement, celles-ci seront gelées à 1%, c’est-à-dire simplement indexées sur la croissance prévisionnelle du gouvernement.
Les bienfaits de l’exemplarité
Dans ce combat, l’Etat doit, selon le Premier ministre, se montrer exemplaire. Son budget de fonctionnement, déjà revu à la baisse en 2012 (-1,5 milliard d’euro), diminuera chaque année d’un milliard d’euros. De manière symbolique, le président de la République et les différents ministres verront leur salaires gelés jusqu’au « retour de l’équilibre strict ».
Le chef du gouvernement en a même profité pour appeler les grands patrons, « en particulier des entreprises du CAC 40 », à faire de même. Les partis politiques, eux, n’auront pas à faire le choix de l’économie : ils y seront contraints, au moins pour le temps de la campagne, le plafond de remboursement de leurs frais étant rabaissé de 5%.