Jean-Noël Guérini, le boulet marseillais du PS

Le président du Conseil général des Bouches-du-Rhône Jean-Noël Guérini a retrouvé, ce vendredi 4 novembre, tous ses pouvoirs à la tête du département, alors que le Parti socialiste lui demande en vain de démissionner de ses fonctions. Le bras de fer entre un baron local et l’appareil socialiste se poursuit.

Le cheveu gominé, coiffé en arrière, le costume croisé, le sourire à la Fernandel et l’accent qui va avec : Jean-Noël Guérini fait partie de ce qu’on appelle en France « les barons locaux », ces élus devenus tout-puissants dans leur fief grâce à la décentralisation et aux pouvoirs accrus des collectivités locales. Jean-Noël Guérini préside le Conseil général des Bouches-du-Rhône. Plus que jamais. Quitte à embarrasser le Parti socialiste et son candidat à la présidentielle, François Hollande.

Après sa mise en examen en septembre pour prise illégale d'intérêts et association de malfaiteurs dans une affaire de marchés publics présumés frauduleux impliquant son frère Alexandre, Jean-Noël Guérini avait accepté, à la demande du PS, de se « mettre en retrait ». Patatras ! La justice a remis Guérini en selle, en lui ordonnant de reprendre tous les pouvoirs qu’il avait délégués. Ce qu’il a fait ce vendredi, sans trop se faire prier. Et en refusant de démissionner, comme le lui demande le PS. « La collectivité est autonome et n'a pas à se plier aux décisions du PS. Ce n'est pas le PS qui m'a nommé président ». Ce que reconnaît un brin embarrassé le porte-parole du Parti socialiste, Benoît Hamon : « Nous avons peu d'instruments puisqu'il est président de plein droit de l'exécutif ».

Jean-Noël Guérini prend même un malin plaisir à narguer la rue de Solférino. « Je pourrai envisager de démissionner lorsque tous les élus du PS condamnés définitivement, et ils sont nombreux malheureusement, auront également démissionné de toutes leurs fonctions exécutives », a déclaré l’homme fort des Bouches-du-Rhône, liste à l’appui.

Une fédération parmi les plus puissantes

Statu quo et dialogue de sourds. Jean-Noël Guérini joue avec les nerfs des « Parisiens ». Tant qu’il n’est pas condamné par la justice, il reste de plein droit membre du PS. Et continue de peser sur la fédération des Bouches-du-Rhône, l’une des plus puissantes dans la nomenklatura socialiste. L’une de celles qui font et défont les congrès, grâce à leurs milliers d’adhérents qui votent souvent comme un seul homme - en l’occurrence le patron.

Les proches de Ségolène Royal s’en souviennent, convaincus qu’entre les deux tours de l’élection du premier secrétaire au congrès de Reims de 2008, Guérini a lâché l’ancienne candidate à la présidentielle au profit de Martine Aubry. Laquelle, pendant bien longtemps, s’est abstenue de le mettre en difficulté, allant jusqu’à enterrer le rapport d’Arnaud Montebourg qui dénonçait les dérives « clientélistes » de la fédération socialiste des Bouches-du-Rhône.

La droite locale, depuis, s’en donne à cœur joie. L’ennemi juré de Jean-Noël Guérini à Marseille, le député UMP Renaud Muselier (par ailleurs président de l’Institut du monde arabe), vient même de sortir un livre, Le système Guérini. Guérini, cette faille, ce boulet que les socialistes prompts à dénoncer les dérives du sarkozysme vont devoir traîner encore bien longtemps.

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